Montréal envisage de s'adresser au Conseil des services essentiels si la soudaine baisse du nombre de contraventions dressées par les policiers devait se prolonger.

Le maire Denis Coderre s'est indigné de constater que les agents du Service de police de Montréal (SPVM) ont mis la pédale douce sur les constats, y voyant un danger pour le bilan routier de la métropole. «Est-ce qu'on laisse aller des choses qui ont un impact sur la sécurité publique?»

En juillet, le nombre de contraventions a chuté de plus de moitié par rapport à la moyenne observée depuis le début de l'année. Le corps policier a souligné que cette baisse coïncide avec l'intensification des moyens de pression contre le projet de loi 3 sur les régimes de retraite.

Aucun scénario écarté

L'administration municipale recevra d'ici peu le bilan du nombre de constats d'infraction rédigés en août. Si la tendance à la baisse devait se poursuivre, le maire prévient qu'il n'écarte aucun scénario. «S'il le faut, on va passer par les services essentiels», a-t-il indiqué en point de presse.

La Ville de Québec a créé un précédent en 2008 en obtenant une décision du Conseil des services essentiels pour forcer les agents de la capitale québécoise à distribuer de «façon normale et régulière» des contraventions. La Fraternité des policiers de Québec avait tenté de contester la décision jusqu'en Cour suprême, sans succès.

Le chef de l'opposition n'hésite pas à voir une grève de contraventions dans la soudaine baisse de constats dressés. Tout comme il avait condamné la bruyante manifestation à l'hôtel de ville du 18 août dernier, Projet Montréal appuie l'administration dans sa volonté de mettre fin à ces «pratiques malheureuses».

Des millions en moins

Lui aussi dit craindre l'impact sur le bilan routier d'une possible grève de contraventions. «C'est un service essentiel que d'envoyer le bon message à celui qui roule trop vite ou qui brûle un feu rouge», dit Richard Bergeron.

Le chef de Projet Montréal s'inquiète également pour l'impact financier de la baisse de contraventions. «On parle déjà de plusieurs millions de perdus. Si ça devait durer jusqu'à la fin de l'année, de plusieurs dizaines de millions de dollars qui ne seraient pas dans le budget.»