La Ville de Montréal renonce à récupérer les faux extras que l'entrepreneur Lino Zambito a reconnu avoir touchés devant la commission Charbonneau. Dans une entente à l'amiable intervenue récemment, la métropole a décidé d'abandonner sa poursuite de 300 000$ en échange de sa collaboration.

Le comité exécutif de Montréal a entériné mercredi soir l'entente à l'amiable dans le cadre de la poursuite que la Ville avait lancée en avril 2013 contre Lino Zambito et l'ingénieur Michel Lalonde, qui présidait la firme Génius. «Un règlement hors cour a été fait avec l'inspecteur général, le contrôleur et le contentieux. C'était une façon de récupérer davantage des sommes et étayer les preuves. Ils ont fait cette entente pour les intérêts des Montréalais», a indiqué le maire, lors d'un point de presse.

L'entente ne prévoit la restitution d'aucune somme à la Ville de Montréal. Lino Zambito et Michel Lalonde se sont toutefois engagés à aider la métropole dans ses autres poursuites visant à récupérer des sommes détournées par les stratagèmes de collusion et de corruption exposés à l'enquête publique.

Les deux hommes «s'engagent à offrir toute leur coopération, sans réserve, aux enquêtes et aux actions en justice entreprises ou à entreprendre par la Ville en conséquence de la violation des règles d'octroi et d'administration des contrats publics». Ils seront ainsi appelés à rencontrer les enquêteurs du Bureau du contrôleur général.

Les avocats de la Ville estiment que la municipalité ressort gagnante puisque des recours pourront être intentés grâce aux informations fournies par les deux hommes. «Les recours qui pourront être entrepris suite à ces enquêtes, ou les règlements potentiels, pourront compenser la Ville de Montréal quant aux pertes ou dépenses non justifiées en conséquence des activités de collusion ou de fraude.»

Sur les réseaux sociaux, Lino Zambito s'est dit «très content» de l'entente, remerciant les avocats de la Ville de Montréal pour leur travail. «Très content de l'entente survenue avec la ville de Montréal! Gros merci aux avocats de la ville de Montréal!» a-t-il écrit sur son compte Twitter.

C'est l'ex-maire de Montréal Michael Applebaum qui avait demandé aux services juridiques de la Ville d'intenter cette poursuite de 300 000$. Il disait alors vouloir «tout faire pour récupérer l'argent volé» par la collusion exposée à la commission Charbonneau. «Applebaum a voulu se faire du capital politique en frappant sur deux témoins qui ont dévoilé les stratagèmes. C'était pas une stratégie trop brillante», a déploré Lino Zambito en entrevue à La Presse.

Les avocats de la Ville reprochaient à Lino Zambito et Michel Lalonde d'avoir gonflé indûment la note pour un chantier sur la rue Sherbrooke Est, en 2005. Dans son témoignage à la Commission, l'entrepreneur avait affirmé que le 300 000$ ainsi obtenu était destiné à l'ex-directeur général de Montréal, Robert Abdallah. Michel Lalonde, qui a reconnu avoir orchestré la collusion parmi les firmes de génie à Montréal, aurait pour sa part contribué en autorisant les fausses dépenses payées par la Ville.

Cette poursuite qui semblait se baser sur les témoignages de la commission Charbonneau en avait surpris plusieurs puisque les témoins jouissent d'une immunité contre l'auto-incrimination. Bref, en théorie, leurs propos ne peuvent être utilisés contre eux.