Plusieurs arrondissements de Montréal refusent toujours aux citoyens l'accès à certains documents pourtant publics, comme leur budget, révèle un rapport préparé par l'hôtel de ville. L'opposition dénonce l'opacité de certaines administrations locales.

Un groupe d'élus à l'hôtel de ville a récemment mené une étude sur la transparence des arrondissements. La commission de la présidence du conseil municipal a demandé aux 19 administrations locales si elles diffusaient certains documents qui doivent normalement être rendus publics.

Cela a notamment permis de constater que six arrondissements ne publiaient même pas leur budget et que sept n'en diffusent qu'un résumé.

«Je ne suis pas surpris, je m'en doutais. Mais je suis déçu et outré qu'en ces temps de transparence, il n'y ait pas eu plus de changement», se désole Marc-André Gadoury, élu de Projet Montréal. L'opposition réclame que les arrondissements fassent preuve d'une plus grande transparence dans leur gestion. «Il faut donner aux citoyens les outils qui leur permettent de comprendre comment on a pris nos décisions», dit-il.

Danielle Pilette, professeure spécialisée en affaires municipales à l'UQAM, s'étonne que plusieurs «documents de base» des arrondissements ne soient pas rendus publics. Elle estime que la Ville de Montréal devrait les diffuser d'elle-même.

Elle croit que la métropole devrait aller plus loin et publier ces données sur une base comparable. Ce faisant, la métropole permettrait aux citoyens de mieux évaluer la performance des arrondissements. «C'est d'autant plus nécessaire que les budgets de plusieurs arrondissements sont plus importants que ceux de certaines grandes villes du Québec», dit Mme Pilette.

La commission de la présidence ne formule pas de recommandations pour une plus grande transparence. En fait, ironiquement, elle a même pris soin de garder secret le nom des arrondissements qui refusent d'ouvrir leurs livres...

Huis clos au comité exécutif

Si la ville centre publie systématiquement ses budgets et sommaires décisionnels, elle continue de prendre une partie de ses décisions derrière des portes closes. Les réunions du conseil municipal sont diffusées sur internet depuis un an et demi, mais le comité exécutif s'est réservé le droit de débattre de certains sujets à huis clos. Mercredi dernier, par exemple, 21 des 50 dossiers abordés l'ont été à l'abri des caméras. L'une de ces décisions touchait l'allocation d'un extra de 369 000$ à un contrat de 3,2 millions pour la construction d'un égout. Au cabinet du maire, on se défend de prendre des décisions en catimini et on assure que des critères précis justifient un huis clos. Ainsi, trois sujets ont été traités à huis clos pour éviter de court-circuiter des conférences de presse prévues ultérieurement. Cinq autres dossiers touchant des appels d'offres ont été traités à l'abri des caméras pour éviter d'influencer le processus de soumission.

Des budgets cachés

7/19 : À peine le tiers des arrondissements permettent à leurs citoyens de prendre connaissance de leurs prévisions budgétaires avant l'adoption du budget, et encore: les citoyens n'ont accès qu'à un résumé ou à des faits saillants. Même une fois que les arrondissements ont adopté leur budget, ils ne le rendent pas tous public. Six d'entre eux ne le diffusent toujours pas. Des 13 qui le font, seulement 6 diffusent l'information au complet. Les sept autres se limitent à un résumé ou à des faits saillants.

9/19 : Tous les arrondissements publient à l'avance l'ordre du jour de leurs rencontres. Six envoient même l'information par courriel aux citoyens qui le demandent. Le hic: les ordres du jour sont souvent succincts et ne permettent pas de bien comprendre les décisions qu'auront à prendre les élus. Seulement neuf arrondissements permettent à leurs citoyens de prendre connaissance du détail des dossiers avant les conseils d'arrondissement.

1/19 : Si tous les arrondissements prévoient une période durant laquelle les citoyens peuvent poser des questions, comme le veut la loi, un seul permet à ceux qui ne peuvent se déplacer d'envoyer leurs interrogations par courriel. Les citoyens ont toutefois une très petite fenêtre pour acheminer leurs questions puisque seules celles envoyées entre 18h30 et 19h les soirs de conseil sont acceptées.