Caméras obligatoires, paiement électronique et uniformisation de la couleur des voitures: Montréal entend moderniser l'industrie du taxi en vue de son 375e anniversaire, en 2017.

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Le maire Denis Coderre a présenté hier une politique prévoyant d'importants changements pour les propriétaires de taxis. L'objectif est clair: Montréal espère voir les chauffeurs se professionnaliser afin qu'ils donnent une meilleure image de Montréal, notamment aux touristes. «Le taxi, ce n'est pas une cuisine, je ne veux pas savoir ce que le chauffeur a mangé», a lancé le maire.

L'une des mesures pour y arriver sera d'uniformiser les véhicules: en clair, Montréal pourrait imposer un nombre limité de modèles. À l'instar de nombreuses villes, la métropole envisage sérieusement d'imposer une couleur commune aux taxis. «La couleur est incontournable à mon avis. Ça fait partie de l'image de marque», a indiqué le maire.

Le Bureau du taxi de Montréal devra concevoir des solutions pour que les nouvelles mesures s'autofinancent. L'ajout d'écrans à bord des véhicules pour diffuser des publicités est notamment envisagé, tout comme une contribution à l'achat à la cession d'un permis de taxi. Des subventions devraient également aider les chauffeurs qui souhaitent opter pour un véhicule électrique.

Réception positive

La politique a été généralement bien reçue, hier. Le Regroupement des propriétaires de taxis de Montréal s'est dit rassuré par la volonté de la Ville d'aider ses membres à couvrir les frais qu'entraîneront ces mesures. «Au début, l'inquiétude, c'était sur la question du coût: qui va l'assumer? Avec ce que le maire dit, on comprend qu'il y aura un partenariat entre nous et la Ville», a commenté Kamal Sabbah, administrateur du Regroupement.

«Ça vient faire un rattrapage», estime le président de Taxi Diamond, Dominique Roy, selon qui l'industrie accusait un important retard. Il doute toutefois que certaines mesures voient le jour, comme l'imposition de modèles ou d'une couleur précis pour tous les taxis. «Je pense qu'on est loin de ça. La majorité des taxis sont des propriétaires uniques et je sais que ces gens y sont opposés parce que c'est leur véhicule privé. Cela dit, s'il y a des avantages et que le chauffeur y trouve son compte, il n'y aura pas d'opposition», dit M. Roy.

L'opposition à l'hôtel de ville estime quant à elle que la politique prévoit de bonnes mesures. «Ce qui manque, par contre, c'est un échéancier», a déclaré Richard Bergeron, chef de l'opposition. Lui-même ancien chauffeur de taxi, il doute toutefois que les mesures annoncées soient de nature à améliorer la santé financière des chauffeurs. «Je ne suis pas sûr que ce soit suffisant pour inverser le déclin global de l'industrie du taxi.»

Les changements proposés

Une signature visuelle

La politique prévoit l'uniformisation des véhicules. Le Bureau du taxi pourrait ainsi imposer des modèles précis et une couleur uniforme pour tous les taxis. Le maire Denis Coderre ne s'est toutefois pas avancé sur la couleur que les véhicules montréalais pourraient adopter. Si le jaune domine l'industrie du taxi dans le monde, comme à New York depuis 1967, d'autres couleurs ont également été adoptées.

Paiement électronique obligatoire

Certaines compagnies offrent déjà ce service, mais de nombreux chauffeurs n'acceptent que l'argent comptant. Rapidement, la métropole compte obliger tous les chauffeurs à offrir le paiement électronique. En plus d'être plus pratique pour les clients, cette mesure pourrait contribuer à diminuer les vols, puisque les chauffeurs seront amenés à avoir moins d'argent en leur possession.

Caméras obligatoires

Tous les taxis devront être munis de caméras, afin de prévenir les crimes. Cette mesure fait suite au meurtre d'un chauffeur en novembre 2013, Ziad Bouzid. Le maire Coderre estime que les caméras pourraient être installées dès 2015. Des balises encadreront l'utilisation que pourra faire la police des images, qui seront enregistrées sur une sorte de boîte noire, comme dans les avions.

Électrification d'une partie des taxis

La politique prévoit aussi augmenter le nombre de véhicules électriques et hybrides. Les objectifs sont toutefois flous, la politique évoquant seulement une «augmentation d'ici 2020», sans chiffre précis. Dans une première étape, un projet de limousines électriques pour desservir l'aéroport Montréal-Trudeau devrait voir le jour, selon la métropole.