Depuis 2008, les débordements lors des matchs du Canadien de Montréal pendant les séries de la Coupe Stanley ont coûté près de 6 millions au Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), selon des documents obtenus par La Presse grâce à la Loi sur l'accès à l'information. Mais l'administration Coderre n'a pas l'intention de refiler au Centre Bell la facture des interventions policières.

Le printemps dernier, même si les débordements d'après-match ont été contenus, la facture s'élève à 1,3 million pour le SPVM. Fait intéressant, le match qui a coûté le plus cher, soit 229 600 $, n'a pas eu lieu à Montréal. Il s'agit de celui du 14 mai, à la suite duquel le Canadien a éliminé les Bruins.

530 policiers déployés

Le Centre Bell a projeté le match disputé à Boston sur écran géant et a vendu des billets à 10 $. Les Québécois ont répondu massivement à l'invitation et ont tenu les policiers occupés. Le SPVM, tout comme La Presse, ont alors constaté un nombre plus important qu'à l'habitude de personnes en état d'ivresse en fin de soirée. Environ 530 policiers avaient été déployés dans les rues du centre-ville, selon les documents que La Presse a obtenus.

Ainsi, si le Centre Bell fait de ces projections une habitude, le coût des déploiements policiers pourrait donc être appelé à augmenter. Nul doute que le SPVM lira attentivement la décision, attendue d'ici quelques semaines, de la Régie des alcools, des courses et des jeux, qui tranchera la question des projections de matchs au Centre Bell.

«Deux poids, deux mesures»

L'Union des tenanciers de bars du Québec avait porté plainte dans ce dossier, redoutant la concurrence du Centre Bell lors de ces projections.

En entrevue avec La Presse dimanche, le président de l'Union, Peter Sergakis, a également dénoncé le régime de «deux poids, deux mesures» des interventions policières pour le Centre Bell et les tenanciers de bars.

Cet été, pendant la Coupe du monde, une foule imposante s'est retrouvée au centre-ville devant la porte du bar la Station des Sports, qui appartient à M. Sergakis. Les portiers commençaient à perdre le contrôle de la situation. «J'ai appelé au poste de police et ils m'ont répondu: «On ne travaille pas pour vous», relate M. Sergakis. Mais pourquoi ils travaillent pour le Centre Bell pendant les séries, et ce sont les contribuables qui paient?»

Lors de la présentation du budget du SPVM, l'hiver dernier, le chef de police Marc Parent s'est dit ouvert à l'idée de faire payer les promoteurs d'événements qui attirent les foules dans les rues de la métropole.

Cependant, la décision de faire payer des promoteurs pour assurer la sécurité dans les rues de la ville ne relève pas du SPVM. Selon Anie Samson, vice-présidente du comité exécutif et responsable de la sécurité publique, la Charte de la Ville de Montréal ne le leur permet pas non plus. Les élus de la métropole pourraient toutefois demander au gouvernement provincial d'amender la Charte.

L'ex-maire Gérald Tremblay avait d'ailleurs demandé à Québec de rembourser pour les saccages survenus lors des séries de 2008 - sans succès.

L'administration Coderre, de son côté, n'a pas l'intention de mener ce combat, bien au contraire.

«Pour attirer des événements dignes d'une grande métropole, ça fait partie de nos responsabilités. Si on veut une ville où ça bouge, c'est ce que ça prend, affirme Mme Samson. Si on se met à faire payer le Festival de jazz, Juste pour rire, plus personne ne voudra venir, c'est impensable.»

Soulignons par ailleurs qu'en 2013, le Centre Bell a rapporté 8,5 millions en impôts fonciers à la Ville.

- Avec Serge Laplante