Bien que Bixi ait annoncé en grande pompe, cette semaine, avoir franchi le cap des 18 millions de déplacements depuis 2009, elle se garde toujours de dévoiler des informations qui permettraient aux Montréalais de savoir s'ils ont « montré assez d'amour » aux vélos gris pour assurer leur survie l'an prochain.

Difficile, donc, de savoir si la saison actuelle permettra à Bixi de revenir l'an prochain. La seule information que le service accepte de dévoiler concerne le nombre de déplacements au mois de juin. Celui-ci a atteint 539 496 cette année, par rapport à 576 270 durant le même mois l'an dernier.

Ces chiffres, fournis par la porte-parole de Bixi, Bérengère Thériault, ne sont pas accessibles au grand public. Or c'est pourtant ce grand public qui doit « sauver » Bixi, selon le maire de Montréal, Denis Coderre. D'autant plus que la Ville a mis 24 millions de dollars dans l'aventure Bixi depuis son lancement.

« They have to show me the love [...] Prouvez-moi qu'on doit avoir une saison 2015 », avait-il lancé, le 2 mai dernier, quand les actifs de Bixi ont été transférés à la Ville.

Le maire Coderre avançait alors que les abonnements au système de vélos en libre-service n'allaient pas si mal, puisqu'ils se chiffraient à 35 333, malgré un début de saison froid et pluvieux. L'an dernier, ce nombre était de 35 352.

Impossible de connaître le nombre d'abonnements

Deux mois plus tard, le nombre d'abonnements semble être devenu « secret ». Suzanne Lareau, qui est membre du conseil d'administration de Bixi, a refusé de fournir ces données au quotidien The Gazette. À La Presse, Bérangère Thériault s'est contentée de dire qu'on était « très près de ce qu'on avait l'année dernière ». Les chiffres seront rendus publics « prochainement », « probablement à la fin du mois », a-t-elle avancé, non sans contredire sa collègue Lareau, qui avait plutôt évoqué un dévoilement à l'automne.

Mais que ceux qui pensent être en mesure de comparer ce bilan à venir avec celui de l'an dernier se le tiennent pour dit : le rapport sur la saison 2013 n'a jamais été rendu public. Seuls les nombres de déplacements (3 792 801) et d'abonnements (34 694 membres) ont été fournis à La Presse par la porte-parole Thériault. Mais ils sont introuvables autrement.  

Bixi est « discrète »

Bixi, lancée en 2009, a l'habitude d'être discrète, tant sur ses bilans d'utilisation que sur sa structure financière. En 2010, les Montréalais ont dû se tourner vers Toronto pour connaître les coûts d'implantation du système, pourtant devenu un symbole dans leur ville. Cinq ans plus tard, en février 2014, les résidants de la métropole ont finalement été en mesure de connaître les états financiers de l'ancienne gestionnaire de Bixi, la Société de vélo en libre-service. Mais celle-ci ne révélait pas tout à fait ces chiffres publiquement : elle dévoilait plutôt ses revenus et dépenses à la cour, puisqu'elle venait de se placer sous la protection de la Loi sur la faillite. Les choses devraient changer cette année, promet Bixi. « Toutes les données complètes vont être compilées dans un rapport et remises à l'automne », assure Bérengère Thériault. De quoi permettre aux Montréalais de connaître l'ampleur du « sauvetage » que leur maire a exigé.