Le gouvernement fédéral refuse de dévoiler une étude qui mesure l'impact du péage sur le futur pont Champlain. Une étude dont les conclusions préliminaires ont laissé entrevoir une congestion monstre sur le réseau routier montréalais si cette tarification est imposée.

La firme Steer Davies Gleave (SDG) a été mandatée pour estimer l'achalandage du futur pont en tenant compte de l'imposition d'un péage et de l'implantation d'un nouveau mode de transport en commun comme un train léger.

La Presse a obtenu copie du rapport en vertu de la Loi sur l'accès à l'information. Or, la grande majorité des 214 pages du document sont caviardées.

La table des matières et les intertitres indiquent que SDG a utilisé des modèles pour estimer la circulation et la durée des trajets pour les automobilistes. Mais il est impossible de prendre connaissance des projections parce que des pans entiers du texte sont cachés.

À Infrastructures Canada, le ministère propriétaire de l'étude, on dit souhaiter que celle-ci reste secrète, le temps de choisir un consortium pour bâtir la nouvelle structure. L'étude comporte en outre des renseignements financiers qui ne seront pas partagés avec les soumissionnaires pour le partenariat public-privé.

«Cette étude demeure confidentielle afin d'assurer l'intégrité du processus d'appels d'offres», a indiqué le porte-parole du Ministère, Robin Strong, dans un courriel.

Trois consortiums finalistes devraient être connus dans les prochaines semaines. Ces entreprises auront jusqu'en février pour présenter un dossier final au gouvernement fédéral.

Le consortium gagnant sera annoncé au printemps. L'étude de SDG sera rendue publique au terme du processus de sélection, a-t-on indiqué. Ce sera avant qu'une décision soit prise concernant le montant du péage.

À Québec, le ministre des Transports, Robert Poëti, a préféré ne pas commenter l'étude de SDG hier.

«Je vais avoir quelque chose à dire, mais pas maintenant», a-t-il indiqué à sa sortie d'une commission parlementaire.

Résultats préliminaires inquiétants

Il y a un an, les experts de SDG ont présenté leurs conclusions préliminaires aux représentants des gouvernements fédéral et provincial ainsi qu'à l'Agence métropolitaine de transport (ATM). Comme La Presse le rapportait en septembre, cette rencontre a semé la consternation chez certains fonctionnaires.

Selon les projections de l'époque, SDG aurait estimé que 30 000 véhicules emprunteraient les autres ponts qui enjambent le Saint-Laurent pour éviter le péage. Un tel exode provoquerait un engorgement catastrophique sur le réseau routier.

Selon des estimations préliminaires de Transports Québec rendues publiques par Radio-Canada en mai, entre 6000 et 13 000 véhicules se dirigeraient vers les quatre autres accès selon le tarif imposé.

Tous les partis à l'Assemblée nationale se sont opposés au péage sur le futur pont Champlain. Même chose pour le maire de Montréal Denis Coderre et la totalité des maires de la Rive-Sud.

Mais le gouvernement fédéral n'a pas bougé d'un pouce depuis qu'il a annoncé le remplacement du pont Champlain. Il a toujours maintenu que le projet serait réalisé en mode PPP et qu'il y aurait un péage.

«La seule base sur laquelle nous pouvons le faire est avec la participation financière des résidants locaux», a déclaré le premier ministre Stephen Harper à la fin avril.

- Avec la collaboration de Philippe Teisceira-Lessard et de William Leclerc