Le plus important syndicat au sein de la Coalition d'employés municipaux, celui regroupant les 10 000 cols blancs de Montréal, s'est joint officiellement à la croisade contre le projet de loi sur les régimes de retraite. Au lendemain de la manifestation houleuse devant l'hôtel de ville, un millier de cols blancs ont appuyé à 95,6% le recours aux moyens de pression, lors d'une assemblée extraordinaire tenue mercredi soir.

Pour l'instant, l'administration montréalaise n'est «pas du tout» touchée par des moyens de pression de ses employés, a précisé le maire Denis Coderre. Alors qu'à Sainte-Thérèse, le refus des cols bleus de travailler des heures supplémentaires a mené à l'annulation des festivités de la Saint-Jean, «la réalité montréalaise est tout autre», a-t-il assuré.

«De toute façon, il y a les services essentiels, ils ne peuvent pas le faire au niveau de la sécurité publique, a-t-il argué. On a signé une entente avec les cols bleus jusqu'en 2017, il y a des conventions collectives qui existent déjà. Les policiers ont leur convention collective jusqu'à la fin 2014, les pompiers jusqu'en 2017. Il n'y a aucune raison de ne pas donner des services.»

Pas d'appel à la Commission

À la Commission des relations de travail, on affirme «suivre de près la situation». La grande majorité des quelque 65 000 employés municipaux de la Coalition n'ont pas le droit de grève, leur convention collective n'étant pas échue. «Si le conflit porte préjudice aux services auxquels le public a droit, la Commission pourrait intervenir, indique Céline Jacob, porte-parole. Pour l'instant, on n'a pas eu de demande d'intervention.»

La CRT dispose également de «pouvoirs de redressement» qui lui permettraient de rappeler à l'ordre des employés qui n'assureraient pas les services essentiels, précise-t-il.

L'Union des municipalités du Québec a par ailleurs appelé les syndicats au dialogue, assurant vouloir «trouver les meilleures solutions possibles» pour les employés, les citoyens et les retraités. «Nous voulons avancer vers ces changements en négociant dans le calme et le respect, pas dans un climat de confrontation, a toutefois précisé dans un communiqué la présidente de l'UMQ, Suzanne Roy. Après la flambée de manifestations de mardi dernier qui se sont tenues dans plusieurs municipalités du Québec, elle a rappelé que «les équipements des municipalités sont d'ordre public et ne doivent en aucun cas servir à des fins syndicales».

Les employés municipaux ont sorti la hache de guerre depuis le dépôt, la semaine dernière, du projet de loi 3 qu'ils ont qualifié de «hold-up». Le texte de loi impose la fin de l'indexation des retraites pour une durée indéterminée, le partage à parts égales des coûts des régimes, ainsi qu'une limite de ces coûts, qui doit être de 18% de la masse salariale - 20% dans le cas des policiers et des pompiers. Les municipalités devront également mettre en place un fonds de stabilisation correspondant à 10% des cotisations annuelles.