La Maison Jean Lapointe est devenue officiellement propriétaire des Cours Saint-Pierre, l'immeuble du Vieux-Montréal où est établi depuis plus de 30 ans le centre d'aide aux gens aux prises avec des problèmes de dépendance.

L'organisme paie 8 millions au vendeur, la Société canadienne d'hypothèques et de logement (SCHL). Le prix de vente est aligné sur l'évaluation municipale de la propriété de 138 ans qui servait de magasins aux Soeurs grises.

Avec cette transaction, l'organisme à but non lucratif met fin une fois pour toutes à l'incertitude entourant la poursuite de ses activités dans le Vieux-Montréal, au grand soulagement de son directeur général, Rodrigue Paré.

«J'ai parlé plusieurs fois à Jean Lapointe cette semaine. Il était aux anges de voir que la maison pourrait subsister là où elle a pris naissance. Pour nous, c'est une étape importante pour notre avenir», a-t-il dit dans un entretien.

La présence d'un centre de thérapie pour alcooliques dans un quartier touristique n'est pas sans causer des problèmes de cohabitation.

Le restaurant L'Atelier d'Argentine, au rez-de-chaussée des Cours Saint-Pierre, ne peut pas vendre du vin sur sa terrasse à la vue des alcooliques en thérapie. En août 2013, La Maison est allée jusque devant la Régie des alcools, des courses et des jeux pour empêcher, avec succès, le restaurateur d'avoir son permis d'alcool pour sa terrasse.

Le mois suivant, la SCHL mettait sa propriété à vendre par l'entremise d'un appel de propositions, une décision qui avait pris par surprise son locataire principal. La Maison Jean-Lapointe payait un loyer de 1$ par mois en vertu d'un bail qui arrivait à échéance en juillet 2017. Moins d'un mois plus tard, en octobre, la SCHL suspendait le processus public pour négocier directement avec l'OBNL.

Des conditions de vente strictes

La Maison a réussi à réunir la somme de 2,78 millions comme mise de fonds grâce à un legs testamentaire d'un ancien résidant reconnaissant, explique M. Paré. La Fondation Jean Lapointe y est allée d'une contribution également. Le solde a été avancé par un prêt hypothécaire de 5 220 000$ de la Banque Nationale.

La SCHL oblige toutefois la Maison à conserver le caractère abordable de 7 appartements à loyer réduit pendant 10 ans. Au cours de cette période de restriction, l'organisme ne peut vendre l'immeuble et s'engage à maintenir sa mission d'aide aux personnes alcooliques, toxicomanes ou aux joueurs pathologiques.