Comme politicien, le maire Denis Coderre estime avoir fait son travail pour sauver BIXI. Alors que le nouvel organisme mis sur pied par la Ville, BIXI-Montréal, a officiellement pris les commandes aujourd'hui, il enjoint maintenant les citoyens à lui prouver qu'ils tiennent à leurs vélos en libre-service.

«They have to show me the love, montrez-moi votre amour, la balle est dans votre camp, a déclaré le maire en point de presse ce midi. Prouvez-moi qu'on doit avoir une saison 2015.»

Son administration, estime-t-il, a posé le bon geste en forçant la Société de vélo en libre-service à se placer sous la protection de la Loi sur les faillites en janvier dernier. «Nous voulions sauver la saison de BIXI et protéger les intérêts de la Ville. C'était la seule solution envisageable pour protéger les investissements considérables de Montréal. Si on n'avait rien fait, on aurait perdu au-delà de 50 millions et la saison 2014 aurait été «scrappée».»

Pas d'objectif dévoilé

Malgré le mauvais temps et un début de saison plus lent, déjà 35 333 personnes ont acheté leur abonnement annuel. L'an dernier à pareille date, elles étaient sensiblement le même nombre, soit 35 352. Les déplacements se chiffrent à 308 000 km, «soit 8 fois la circonférence de la Terre», illustre la nouvelle présidente du conseil d'administration de l'organisme, Marie-Élaine Farley.

Les trois principaux commanditaires, TELUS, Desjardins et La Presse, ont par ailleurs renouvelé leur engagement, se réjouit-elle.

Le maire Coderre n'a pas voulu s'avancer sur un objectif, un nombre d'abonnements suffisant qui assurerait la survie de BIXI. Impossible également de savoir si un autre déficit, comme on en a toujours enregistré depuis 2009, sonnerait le glas de l'aventure.

«Je ne tomberai pas dans cette trappe-là. Je n'ai pas d'idées préconçues. Je veux voir comment se comporte BIXI, je vais attendre les recommandations. BIXI Montréal prend le relais pour l'exploitation et commence la recherche de solutions.»

Il a évoqué la possibilité que pour la suite des choses, le réseau relève de la Société de transport de Montréal «ou d'une autre entité». La viabilité de BIXI ne dépendra pas que des abonnements, mais d'autres «facteurs financiers, d'opération», indique-t-il.

Par communiqué, l'opposition officielle à l'hôtel de ville s'est réjouie du transfert des actifs de BIXI à la Ville mais a dénoncé le manque de transparence du maire Coderre. «Le maire ne peut pas demander aux Montréalais de faire un effort supplémentaire sans le quantifier ou fournir un objectif, dit Mariane Giguère, conseillère de Projet Montréal. Il doit être clair et transparent envers les Montréalais.»