Le gouvernement du Québec ouvre la porte à la création d'un statut particulier pour la Ville de Montréal et s'engage à faire progresser rapidement le dossier de l'inspecteur général.

«Comme on dit chez nous: ''on est en business''», s'est réjoui le maire de Montréal, Denis Coderre, après que le gouvernement provincial lui eut confirmé qu'il visait la création d'un statut particulier pour la métropole.

L'élaboration des paramètres de cette «loi-phare» se fera autour d'une table de concertation Québec-Montréal, a signalé mardi à l'hôtel de ville le nouveau ministre des Affaires municipales, Pierre Moreau, aux côtés du maire Coderre.

Sans vouloir s'avancer sur un échéancier clair, le ministre a indiqué qu'en se basant sur l'expérience de Toronto, qui a négocié un tel statut avec le gouvernement de l'Ontario, les discussions pourraient s'échelonner sur une période d'environ deux ans.

«Si on peut travailler plus vite, on va le faire. Mais des fois, travailler trop vite, c'est aussi de passer à côté de certaines opportunités. On va le faire à un rythme soutenu», a-t-il déclaré au terme de sa rencontre privée d'une trentaine de minutes avec le maire.

La table de concertation réunira le maire Coderre, le ministre responsable de la région de Montréal, Robert Poëti, ainsi que divers experts qui permettront de définir le rôle de métropole que l'on veut donner à Montréal. Des ministres sectoriels s'y joindront lorsqu'il sera question de dossiers spécifiques.

Au fil des discussions, il sera évidemment question de financement - par exemple, du pourcentage de la taxe de vente provinciale (TVQ) qui pourrait être alloué à la métropole.

S'il n'y a «pas d'a priori» sur la part du gâteau qui pourrait revenir à Montréal, chose certaine, Québec écarte net la possibilité d'alourdir le fardeau fiscal des contribuables, ce qui suppose «que le gouvernement doit regarder les revenus dont lui-même peut se priver pour les transférer aux municipalités», a indiqué Pierre Moreau.

Selon la candidate défaite à la mairie Mélanie Joly, le gouvernement devrait verser un demi-point de la TVQ générée dans la métropole afin de libérer celle-ci de sa grande dépendance aux revenus provenant des taxes foncières.

L'épineux dossier de la gouvernance de la métropole sera inévitablement abordé autour de la table de concertation.

En marge de la conférence de presse, le ministre Moreau s'est montré prudent lorsque la sempiternelle question du nombre d'élus (103) et d'arrondissements (19) à Montréal est arrivée sur le tapis.

«Quand on fait la comparaison (du nombre d'élus) avec les autres grandes villes, oui, il y a beaucoup d'élus. La comparaison mathématique nous amène à dire que la réponse à ça, c'est oui», a-t-il affirmé en entrevue avec La Presse Canadienne.

«Mais on verra à la fin de l'exercice (...) on verra s'il y a des modifications de structures à proposer», a ajouté M. Moreau.

Mélanie Joly, qui est à la tête du parti Vrai changement pour Montréal, s'est montrée encore moins loquace.

«C'est important que Montréal obtienne son pouvoir de gouvernance, c'est-à-dire le pouvoir de se réformer elle-même», s'est-elle contentée de déclarer dans l'entrée de l'hôtel de ville.

Pierre Moreau a par ailleurs assuré mardi qu'il avait l'intention de faire progresser rapidement le dossier de l'inspecteur général en déposant le projet de loi concernant ce poste occupé par Denis Gallant dès la reprise des travaux à l'Assemblée nationale.

Son prédécesseur à la barre du ministère des Affaires municipales, le péquiste Sylvain Gaudreault, avait présenté le projet de loi aux élus du Salon bleu le 12 février dernier.

Le déclenchement des élections, le 5 mars dernier, avait toutefois mis fin aux procédures en vue de son adoption.