Montréal n'a pas le pouvoir de forcer ses promoteurs à inclure 30% de logements sociaux et abordables, dénonce Projet Montréal, qui demande au nouveau gouvernement Couillard de modifier la Charte de la Ville en conséquence.

En point de presse à l'hôtel de ville, trois élus du parti de Richard Bergeron ont annoncé le dépôt d'une motion à ce sujet lors du prochain conseil municipal, le 28 avril. Depuis 2005, Montréal demande aux promoteurs de projets de plus de 200 unités de prévoir 15% de logements sociaux et 15% de logements abordables. Depuis 2012, un fonds a été mis sur pied pour y verser les contributions financières des promoteurs.

Ces mesures sont insuffisantes, selon Projet Montréal, qui rappelle que 22 500 foyers attendent d'avoir accès à un logement à prix modique. «On ne peut pas forcer les promoteurs, indique Richard Ryan, conseiller de l'arrondissement du Plateau-Mont-Royal. On ne pense pas qu'un règlement va tout sauver, mais il faut commencer quelque part, en donnant à Montréal des pouvoirs habilitants.»

Retenir les familles

Donnant son arrondissement, le Sud-Ouest, en exemple, la conseillère Sophie Thiébault estime qu'«il y a énormément de projets qui ne contribuent pas du tout à la stratégie d'inclusion. Elle n'a pas assez de poigne.»

L'accès à des logements à bon prix, et la mixité sociale, sont des critères vitaux pour retenir les familles sur l'île, selon la conseillère Valérie Plante, élue dans Ville-Marie. De nombreuses familles quitteraient les quartiers centraux parce qu'elles n'ont plus les moyens d'y résider. «Une ville aussi importante que Montréal se doit d'avoir des pouvoirs accrus en matière d'habitation, pour mieux planifier son développement et répondre aux besoins de ses citoyens.»

Les trois élus ont bon espoir de convaincre une majorité de leurs collègues d'adopter cette motion. Selon Richard Ryan, qui a abordé le sujet avec le responsable de l'habitation au comité exécutif, Russel Copeman, «les discussions qu'on a eues depuis les élections de novembre allaient dans le même sens : ç'a toujours été assez consensuel.»