Premier projet concret lié à la promesse de «ville intelligente» de Denis Coderre, le déneigement sera coordonné par des logiciels et un système de suivi par GPS dès novembre prochain.

Présenté ce matin au comité exécutif par le conseiller Harout Chitilian, ce système coûtera 6,5 millions. Blagueuse, la responsable des services aux citoyens, Anie Samson, a tenu à apporter cette précision: «Lorsqu'on parle de neige, pour vous rassurer, il n'y en a plus jusqu'à l'automne. On prend ce recul pour mieux rebondir.»

Dans un premier temps, le nouveau système dit «télémétrique« sera appliqué aux neuf arrondissements de l'ancienne Ville de Montréal, qui disposent déjà d'un système compatible appelé Ceten. On vise d'abord à gérer et comptabiliser le chargement de la neige et son transport vers les sites qui vont en disposer, en équipant les souffleuses et les camions de GPS.

«En parallèle», a annoncé M. Chitilian, on veut faire profiter le simple citoyen de ce système, en diffusant toute l'information sur la planification du déneigement. Ce volet n'a toutefois pas été présenté ce matin.

Risques de fraude

En ce qui concerne la planification du chargement et du transport de la neige, elle vise d'abord à standardiser les pratiques d'un arrondissement à l'autre. «Le ramassage de neige, c'est comme une course de Formule 1, tout un chacun dans l'état actuel des choses a sa recette, a expliqué au comité exécutif Michel Archambault, directeur du Service des technologies de l'information. La gestion est différente d'un arrondissement à l'autre.»

Jusqu'à maintenant, on ne pouvait avoir un «portrait global des opérations de chargement de la neige», a-t-il précisé. «Ça manque cruellement dans l'état actuel des choses.»

La gestion des sites où la neige est déposée se fait essentiellement avec «papier, factures  et documents», a rappelé

Anie Samson. Ce système « n'est pas immunisé contre les risques de fraude et génère des erreurs de facturation», a renchéri M. Archambault.

Étant donné les particularités de Montréal, il est peu probable qu'on puisse trouver une solution déjà existante qui serait adaptée, a déclaré le fonctionnaire. «Les principaux impacts qu'on vit, c'est la disparité des données. Ça complique l'information qu'on envoie présentement au citoyen.»

Dans un deuxième temps, à partir de novembre 2015, les 10 autres arrondissements issus des ex-villes de banlieue pourront profiter de ce système. L'implantation devrait être terminée en février 2016.

Pas de «slack dans la poulie»

Le premier contrat important, d'une valeur de 1,6 million, devait être accordé aujourd'hui à huis clos. C'est la firme Logic-Contrôle qui devrait en hériter, au terme d'un appel d'offres auquel ont participé trois entreprises. L'entreprise de Québec aura le mandat des services professionnels «pour l'acquisition et la paramétrisation d'un système intelligent pour le transport de la neige (SIT-Neige)».

La présentation de ce matin a par ailleurs donné un aperçu de la pugnacité du maire Coderre. Celui-ci a sursauté quand le fonctionnaire Archambault a qualifié le projet de déneigement intelligent de «démarche agressive et à risque», compte tenu du calendrier serré de pour son implantation.

«Qu'est-ce que vous voulez dire par «à risque» ?, l'a interrompu le maire Coderre. Vous nous préparez déjà à ne pas livrer la marchandise ? Il faut que ce soit très clair, ce dossier-là est prioritaire, je ne veux pas qu'il y ait du «slack dans la poulie», il faut que ça fonctionne. Je ne m'attends pas à des excuses ou à des présentations qui ne fonctionnent pas.»

M. Archambault a promis qu'il respecterait les échéances. «Je peux vous assurer qu'on va mettre tous les efforts requis pour y arriver. On sait qu'on n'a pas de marge d'erreur. À la moindre embûche, comptez sur moi, je vais lever la main.»