Après 20 ans d'existence, Vision Montréal, le parti fondé par Pierre Bourque, se saborde. Des dizaines d'anciens membres devront rembourser jusqu'à 10 000$ pour couvrir la dette de 550 000$ que traînait la formation.

Dans une lettre envoyée hier, la chef du parti au moment de la dissolution, Louise Harel, a avisé certains membres qu'une demande de retrait d'autorisation avait été formulée au Directeur général des élections (DGEQ). Cette démarche administrative est la première étape en vue de la dissolution officielle du parti.

«Nous avons reçu une demande de retrait d'autorisation. Le dossier est en traitement», a confirmé une porte-parole du Directeur général des élections, Stéphanie Isabel.

Vision Montréal était ressorti de la campagne électorale de 2009 avec une dette de 880 000$. Elle se chiffre aujourd'hui à 550 000$, selon un communiqué ce matin émis par Louise Harel.

À l'aube de la dernière campagne, le parti avait décidé de se joindre à la Coalition Montréal de Marcel Côté, tout en restant en dormance. La stratégie n'a pas permis de sauver les meubles puisque les anciens membres de Vision Montréal ont été pratiquement rayés de la carte électorale lors du scrutin de novembre, seuls trois ayant réussi à rester en poste.

Du coup, Vision Montréal se trouvait privée de toute source de revenu à l'issue du scrutin de novembre. Le 20 février dernier, les dirigeants du parti ont constaté qu'ils étaient dans l'incapacité de rembourser leurs dettes.

Cette dissolution représente une bien mauvaise nouvelle pour les 106 créanciers qui s'étaient portés garants pour la formation. Plusieurs d'entre eux devront rembourser jusqu'à 10 000$ pour couvrir la dette du parti.

Parmi les créanciers se trouvent plusieurs élus actuels, dont les maires d'arrondissement Anie Samson, Chantal Rouleau, François Croteau et Benoit Dorais. Louise Harel et l'ex-maire de Montréal, Laurent Blanchard, aussi figurent parmi les créanciers.

Vision Montréal a dirigé la métropole de 1994 jusqu'en 2001, avec Pierre Bourque comme maire. Depuis les fusions, la formation était toutefois cantonnée au rôle d'opposition, Pierre Bourque ayant échoué en 2001 et 2005 à se faire élire maire. En 2009, Louise Harel qui avait pris la tête de la formation a aussi échoué, devenant chef de l'opposition. Devant ses difficultés à percer auprès des électeurs de l'ouest de l'île, elle avait décidé de se joindre à la candidature de Marcel Côté.

Depuis le départ de Gérald Tremblay en novembre 2012, la scène municipale montréalaise a considérablement changé. Rappelons que le DGEQ tente depuis plusieurs mois de forcer la fermeture d'Union Montréal, qui a dirigé la métropole de 2001 à 2012. Les dirigeants actuels du parti contestent toutefois la décision devant les tribunaux. Ceux-ci souhaitant pouvoir disposer des fonds restant dans leurs coffres pour assurer la défense de leurs anciens membres devant la commission Charbonneau, ce qu'empêcherait la dissolution.

Louise Harel semble d'ailleurs très amère du sort de son parti par rapport à celui d'Union Montréal. «Après avoir plaidé sans relâche contre le financement occulte dans le milieu municipal et après avoir livré le combat pour la fin des dons anonymes, l'ironie du sort pour Vision Montréal est de constater le surplus cumulé de 500 000 $ du parti de l'ex-maire Tremblay.»