L'agrile du frêne ne connaît pas de frontières, mais les élus, oui. Les villes défusionnées refusent de voir Montréal imposer un règlement à l'ensemble de l'île pour contrer la progression de cet insecte ravageur qui menace les arbres de la métropole.

Une cinquantaine d'élus et fonctionnaires de l'île se sont réunis ce matin pour discuter de la stratégie à adopter face à l'agrile du frêne, cet insecte d'Asie qui s'attaque aux arbres de Montréal depuis 2011. Principale mesure attendue de ce Sommet, l'idée d'imposer une réglementation qui s'appliquerait à toute l'agglomération a rapidement été rejetée par les villes liées. «On ne peut pas les forcer. Les conditions n'étaient pas réunies», a regretté le responsable du dossier, Réal Ménard.

Déçu de l'issu du sommet, le maire Denis Coderre compte s'entretenir avec le président de l'Association des maires de banlieues de l'île, Peter Trent, pour tenter de le convaincre. «C'est une première étape. Si on veut agir tous de la même façon, il va falloir que ce soit sous le même parapluie. On ne se chicanera pas sur la gouvernance, le but, c'est de sauver les arbres», a-t-il commenté.

Un nouveau règlement aurait notamment permis d'aborder la question des frênes sur les terrains privés, sur lesquels Montréal n'a présentement aucune emprise.

L'opposition montréalaise a déploré l'issue du Sommet sur l'agrile du frêne que plusieurs attendaient pour renforcer la lutte à cet insecte ravageur. «C'est un échec complet», a tranché Sylvain Ouellet, de Projet Montréal. Celui-ci a blâmé Réal Ménard pour son manque de préparation, disant qu'il n'avait soumis aucun projet de réglementation aux élus.

Réal Ménard s'est défendu en qualifiant de succès le fait que les élus de l'île se soient à tout le moins entendus pour poursuivre les efforts déjà déployés, soit de dépister la présence d'agrile sur les frênes et de traiter les arbres voisins d'un foyer d'infestation. Depuis trois ans, Montréal a fait du dépistage sur seulement 7303 des 200 000 frênes présents sur le domaine public de la métropole. L'insecte a été détecté sur 206 arbres, jusqu'à présent.

La Ville de Montréal demandera au gouvernement de l'aider à financer la lutte à l'agrile du frêne. Pour éradiquer complètement l'infestation, la métropole évalue qu'elle devrait inoculer les 200 000 frênes sur son domaine public avec le seul insecticide disponible, ce qui coûterait 20 millions par année. En incluant ceux sur les terrains privés, la facture pourrait doubler. L'insecticide utilisé protège les frênes pendant deux ans seulement.

M. Ménard propose aussi de solliciter le privé pour contribuer financièrement à la lutte à l'agrile. «Je n'imagine pas qu'on puisse gagner sans que le Montréal Inc. soit mis a contribution.» Sylvain Ouellet souligne toutefois que le privé contribue déjà en finançant un programme pour planter de nouveaux arbres.