Le maire Denis Coderre peut se considérer comme prévenu : Richard Bergeron affirme que sa nomination-surprise à la tête du projet de recouvrement de l'autoroute Ville-Marie ne le rendra pas plus tendre vis-à-vis de l'administration de son adversaire politique.

Association ou pas, Projet Montréal continuera de jouer son rôle d'opposition, avertit son chef Richard Bergeron. Vendredi, ce dernier, urbaniste de formation, s'est vu confier le dossier du recouvrement d'une portion de l'autoroute Ville-Marie par le maire Coderre. Si le principal intéressé est emballé par le projet, il prévient que cette collaboration ne l'empêchera pas de montrer les dents s'il le faut.

« Si vous avez des doutes quant à notre dynamisme en tant qu'opposition, c'est que vous n'avez pas vu le dernier conseil municipal sur le budget. [Denis Coderre] a payé cher les critiques qu'on lui a adressées toute la journée », a déclaré hier Richard Bergeron, qualifiant au passage de « mauvais » ce premier budget de l'administration Coderre.

« On était un vrai parti d'opposition et on va demeurer un vrai parti d'opposition chaque fois que c'est pertinent, mais on est un parti qui s'autorise à collaborer avec l'administration chaque fois que ça va dans le sens de l'intérêt des Montréalais », a-t-il ajouté. Le maire Coderre a d'ailleurs pu compter sur son appui, dernièrement, dans le dossier de BIXI et la création d'un poste d'inspecteur général.

Richard Bergeron a aussi rappelé qu'il avait rejoint le comité exécutif de la Ville à l'invitation de Gérald Tremblay en 2009 comme responsable de l'urbanisme. « La connivence, la complicité entre le parti d'opposition et l'administration étaient beaucoup plus grandes à ce moment-là », a-t-il dit. Cela n'avait pas empêché l'ancien maire de l'expulser du comité exécutif presque un an jour pour jour plus tard en raison d'une mésentente concernant l'échangeur Turcot.

Les pitbulls ne lâchent pas prise

Questionné sur sa vision du chantier, Richard Bergeron a évoqué la création d'une « allée d'événements culturels » qui résulterait de l'ajout d'une nouvelle place publique à proximité de la place Jean-Paul-Riopelle et du square Victoria. « Essentiellement, sculpture, eau, lumière, verdure », a-t-il énuméré. « Ça peut devenir absolument extraordinaire. »

Le chef de Projet Montréal devra toutefois se montrer patient avant de pouvoir profiter de ce nouvel espace. Estimé à environ 40 millions de dollars et prévu pour 2017, le recouvrement de l'autoroute Ville-Marie de la rue Sanguinet à Hôtel-de-Ville devra d'abord recevoir l'aval du ministère des Transports du Québec. Vendredi, le cabinet du ministre Sylvain Gaudreault a indiqué que « le recouvrement de l'autoroute n'est pas dans les cartons. Les coûts qui y seraient associés sont trop élevés dans le contexte actuel ».

Une réponse qui n'inquiète pas Richard Bergeron outre mesure. « La première réponse publique n'a pas été positive, mais c'est normal. On s'en va en élections bientôt. Tout le monde sait que les gouvernements se font ou se défont dans le 450 et dans la région de Québec. »

« Mais on a bon espoir que l'association de l'opposition officielle et de l'administration [...] va convaincre Québec que c'est raisonnable, souhaitable et que ça doit se faire. »

Reprenant l'expression utilisée par Denis Coderre lors de l'annonce vendredi, il assure qu'il saura se faire convaincant. « Quand on est pitbull, des fois, on obtient ce qu'on veut. »