Des entreprises internationales se bousculent au portillon pour créer des alliances avec des firmes d'ici afin de mettre la main sur le lucratif contrat du remplacement du pont Champlain.

«Toute la planète est là!», s'exclame le PDG d'une grande entreprise qui ne souhaite pas être nommé car il est sollicité.

«Il y a des concurrents dont on n'aurait jamais cru qu'ils se parleraient mais qui le font. Le projet est tellement grand qu'ils ne peuvent pas le faire tout seuls. La bouchée est trop grosse», ajoute-t-il en soulignant toutefois qu'«il faut veiller à ne pas jouer seulement le rôle de porteur d'eau».

«On se prépare pour le concours de beauté», affirme un autre entrepreneur qui veut demeurer discret pour les mêmes raisons que son compétiteur. Il explique qu'il s'agit, pour l'instant, d'évaluer les équipes techniques disponibles et de présenter les curriculum vitae des experts-vedettes.

Les sociétés américaines Parsons, Kiewit et Parsons Brinckerhoff (PB), les espagnoles Draganos et Accema, la chinoise China State Construction Engineering Corporation (CSCEC) et la française Bouygues sont parmi celles qui ont pris contact avec des entreprises d'ici. Les grands bureaux comptables KPMG, Ernst&Young, PricewaterhouseCoopers (PWC) et des entreprises de construction comme Pomerleau, Hexagone et EBC souhaiteraient se lancer dans l'aventure.

Le jeu de coulisses est enclenché depuis déjà quelques mois, mais il s'est accéléré depuis la sortie publique du ministre fédéral Denis Lebel, la semaine dernière. Les grandes lignes du dossier d'affaires du projet qui se réalisera en partenariat public-privé (PPP) ont été présentées.

Quelques rares caractéristiques du projet sont connues à ce jour. L'option que privilégie Ottawa est un pont à haubans en béton comprenant trois tabliers dont l'un, au centre, serait destiné aux transports en commun. Une piste multifonctionnelle adjacente est proposée. Les soumissionnaires devront intégrer au projet toutes les voies d'accès au pont ainsi qu'un nouveau pont à l'île des Soeurs. «Sur le plan technique, on apprend les choses par les médias. Il n'y a pas de préqualification ni de discussion. Pour le reste, on ne peut que spéculer», indique l'un des hommes d'affaires que nous avons joints.

Le gouvernement fédéral a prévu organiser, au cours de l'hiver, des séances d'information avec l'industrie afin de lui faire part des étapes à venir. Ce sera également l'occasion, souligne-t-on, pour les entreprises d'échanger et d'«examiner les possibilités de mettre en place des partenariats».