La Ville de Montréal veut améliorer la performance de ses services afin d'en dégager des économies. L'administration Coderre doit autoriser aujourd'hui la création d'un groupe d'une vingtaine de fonctionnaires chargés de scruter à la loupe l'appareil municipal. À terme, l'objectif est de permettre aux citoyens de juger par eux-mêmes de la performance de la métropole.

Le comité exécutif débattra ce matin de la création d'un service de la performance organisationnelle. Un document de travail consulté par La Presse précise que ce nouveau groupe aura pour mandat d'analyser le travail de chacune des unités de Montréal afin d'en améliorer la performance.

«La mission de ce nouveau service sera de déployer une gestion axée sur les résultats, de procéder à l'étude de l'ensemble des activités de gestion municipale», peut-on lire. Ce chantier s'inscrit dans la vaste réforme administrative annoncée en décembre lorsque l'administration Coderre a annoncé un gel d'embauche.

La création de ce service mènera à l'embauche d'une seule personne, soit un directeur de service. Pour former son équipe, on recrutera une vingtaine de fonctionnaires déjà employés de la Ville. Une fois ceux-ci réaffectés, leurs anciens postes seront abolis.

Le nouveau service relèvera directement du nouveau directeur général de Montréal, Alain Marcoux, qui n'en est pas à sa première réorganisation. Cet ex-ministre des Affaires municipales avait le mandat de revoir l'administration de la Ville de Québec alors qu'il en était le directeur général, de 2005 à 2013. La capitale évalue que cette opération a permis d'économiser 180 millions de dollars.

Changement de culture

Autre volet important dans la création de ce service, la Ville de Montréal entend en profiter pour comparer les rendements de ses services et arrondissements avec ceux d'autres villes ou même du privé, précise le document de travail. L'administration s'engage à rendre publiques les données ainsi recueillies, afin de «permettre aux citoyens de connaître la performance de la Ville pour tous les services qu'elle offre».

Cette mesure, appelée étalonnage, est une pratique courante dans le secteur privé, mais encore peu fréquente dans les municipalitésdu Québec, qui affichent une certaine réticence à se comparer entre elles. «C'est un virage à 180 degrés, un changement de culture profond à la Ville de Montréal», dit fièrement Robert Gagné, directeur du Centre sur la productivité et la prospérité à HEC Montréal.

Le professeur voit particulièrement d'un bon oeil la mise en place d'un système qui permettra aux citoyens d'évaluer par eux-mêmes la performance des services municipaux. «C'est un outil pour les citoyens afin de mettre de la pression sur les élus et un outil pour les élus afin de mettre de la pression sur la machine», commente M. Gagné.

Comparer la performance

L'étalonnage existe depuis plusieurs années au Canada anglais, où 16 villes comparent leurs performances. L'OMBI (Ontario Municipal Benchmarking Initiative) évalue 36 services offerts grâce à pas moins de 800 indicateurs qui permettent notamment de connaître rapidement le coût de ces services pour les municipalités.

Robert Gagné, qui dit avoir été consulté récemment par le bras droit du maire Coderre, Pierre Desrochers, espère voir Montréal se joindre à l'OMBI. Selon lui, il est trop difficile de comparer la performance des services de la métropole à ceux des autres villes du Québec et il vaudrait mieux procéder à une comparaison avec les grandes villes canadiennes comme Toronto, Calgary et Winnipeg membres de l'OMBI.

L'étalonnage est aussi fréquent dans les villes américaines. Baltimore, près de Washington, rend publique depuis 1999 une série d'indicateurs évaluant la performance de ses services sur une base mensuelle. Les directeurs de services de la Ville doivent répondre chaque mois aux questions des élus sur la performance de leur unité.