L'installation d'une super-poutre de 75 tonnes sur le pont Champlain afin de solidifier une poutre fissurée du côté ouest, en direction de la Rive-Sud, est une première pour la société fédérale Ponts Jacques-Cartier et Champlain Incorporée (PJCCI) et pour le pont Champlain.

Bien que la réouverture du pont Champlain, initialement prévue à 7 h samedi matin, ait été retardée de plusieurs heures, l'objectif de fin de l'opération, prévue lundi matin à 5 h, est maintenu.

Le pont, qui a été fermé jusqu'en fin d'après-midi samedi, est actuellement ouvert sur deux voies, une en direction sud et l'autre vers le nord.

Dimanche après-midi, Glen Carlin, directeur général de la société Les Ponts Jacques Cartier et Champlain, fera le point sur l'installation de la super-poutre lors d'un point de presse, à Verdun.

Parallèlement, le ministre fédéral de l'Infrastructure, Denis Lebel, doit aussi faire une mise à jour sur le projet du nouveau pont pour le Saint-Laurent.

L'échéancier initial prévoyait que la poutre serait en place tôt samedi matin, de manière à ce qu'une voie dans chaque direction soit ouverte à 7 h. Les travaux de mise en tension des barres de fixation, pour assurer la stabilité de la poutre, pourront ensuite se dérouler malgré une légère circulation sur le pont.

Cependant, le déplacement des glissières médianes, les blocs de béton qui séparent les deux directions au centre du pont, a pris plus de temps que prévu, en partie en raison du froid, a expliqué le directeur des communications de la PJCCI, Jean-Vincent Lacroix.

«On est dans un contexte très difficile, ce ne sont pas des conditions météorologiques optimales: le froid ne nous a pas aidés avec les glissières de béton, il a fallu mettre du sel sur la voie pour déglacer. Non seulement cette procédure s'effectue pour la première fois, mais en plus, ce n'est pas dans un contexte idéal», a-t-il détaillé.

Le transport de la poutre jusqu'aux deux grues installées vis-à-vis l'endroit exact de la poutre problématique a donc pris du retard samedi matin, et la réouverture du pont a une première fois été repoussée à midi.

Samedi en fin de matinée, toutefois, les responsables ont annoncé qu'il faudrait plus de temps, sans préciser d'heure, en raison de la délicatesse de l'opération.

Les vibrations du pont et des poutres sont surveillées à l'aide de capteurs à fibre optique. «Si ça va bien, on va un petit peu plus vite. Si on voit que le pont commence à ressentir certaines charges, on va y aller plus doucement», a expliqué le porte-parole.

M. Lacroix a admis que la société avait planifié un échéancier un peu serré pour rouvrir la circulation le plus tôt possible, mais aussi parce que l'opération, qui coûtera d'un à deux millions de dollars et qui implique plus d'une cinquantaine d'ouvriers, est une première.

«On avait fait toute la théorie, tous les calculs dans la planification, et on les compare maintenant à la pratique», a expliqué M. Lacroix.

«C'est une opération qui risque de faire école parce qu'on parle souvent de la décrépitude du pont Champlain, qui a vieilli à cause du sel, mais c'est aussi le témoignage d'une problématique nord-américaine, a-t-il poursuivi. Le béton, dans les années 1960, a été vu comme un produit miraculeux. Partout en Amérique du Nord - on peut penser à l'échangeur Turcot -, on a utilisé beaucoup de béton. Un des enjeux des ingénieurs qu'on est en train de parfaire, c'est d'amener une structure vieillissante à la fin de sa vie utile.»

L'objectif de rouvrir cinq des six voies du pont Champlain est maintenu pour lundi matin. La poutre, posée directement sur le tablier du pont, empiétera sur la chaussée et coupera une voie sur trois en direction de la Rive-Sud. Dans les jours qui suivront, les équipes vont reconfigurer les voies pour en obtenir à nouveau trois, de largeur réduite.