La 26e présentation du festival Image+Nation a été lancée, jeudi soir, avec en toile de fond les nombreuses controverses entourant les droits de la communauté LGBT à travers le monde.

Pour la première fois de son histoire, un maire de Montréal a assisté à la soirée d'ouverture de ce festival qui s'intéresse au cinéma lesbien, gai, bisexuel et transsexuel (LGBT). La présence de Denis Coderre a réjoui les organisateurs, qui interprètent sa visite comme une «reconnaissance» accordée au «plus vieux festival gai au Canada».

La programmation de cette présentation d'Image+Nation est profondément teintée par les difficultés que plusieurs membres de la communauté gaie ont rencontrées au cours des derniers mois, a fait savoir Charlie Boudreau, directrice du festival.

Les violences entourant l'adoption du «mariage pour tous» en France, la mise en place d'une loi contre la «propagande homosexuelle» en Russie ou les autres gestes de violence rapportés dans plusieurs pays illustrent le travail qu'il reste à faire en matière de respect des droits de la communauté gaie, insiste l'organisatrice du festival.

Plusieurs films présentés cette année sont d'ailleurs le fruit du travail de réalisateurs d'Europe de l'Est. Le film d'ouverture, «In the Name of», est originaire de Pologne, et présente l'amour d'un prêtre envers un autre homme. Mme Boudreau affirme que l'oeuvre témoigne des défis de «l'acceptation sociale» pour la communauté LGBT de cette région du monde.

Deux documentaires s'intéressent aussi à la réalité des homosexuels musulmans. Les films «I Am Gay and Muslim» et «Hide and Seek» se questionnent sur la vie des gais au Maroc et au Pakistan, respectivement. Deux pays qui partagent une même religion, mais une culture différente, souligne Charlie Boudreau.

Elle ajoute que l'ensemble de la population peut trouver son compte dans la programmation de l'événement, qui souhaite attirer un large public, gai ou pas.

«Nous amenons à Montréal des films de l'étranger, que les gens ne peuvent pas voir autrement. On voit très rarement des films polonais dans les cinémas à Montréal, mais nous, on en présente. Et nous avons des films qui parlent d'histoires universelles, qui s'adressent à tout le public», insiste celle qui tient les rênes de l'événement depuis 20 ans.

Défi financier

Le festival Image+Nation a failli ne pas être présenté en 2013 en raison de problèmes financiers. Même si l'événement roule sa bosse depuis plus de deux décennies, il s'avère toujours difficile pour le rendez-vous cinématographique d'obtenir l'appui financier de partenaires québécois.

«Nous sommes le seul festival LGBT au Canada qui n'a pas de reconnaissance culturelle de sa province. Nous n'avons pas de subventions et nous ne sommes pas reconnus par la SODEC», déplore Mme Boudreau.

Pourtant, dit-elle, Image+Nation donne une place au talent des créateurs québécois, notamment avec sa série «Queerement Québec», où l'on présente une série de courts métrages d'ici.

Le Vietnam, Taïwan, l'Australie, les États-Unis, la France, la Belgique, Israël, le Venezuela et le Mexique sont aussi au nombre des pays dont sont issus les films présentés lors du festival.

Les films du festival Image+Nation sont présentés au Cinéma Beaubien, à l'Impérial et à la Cinémathèque québécoise jusqu'au 8 décembre.