La controverse de l'élargissement des zones inondables a été au coeur de la première assemblée du conseil municipal de Laval, lundi soir. Des dizaines de citoyens lavallois s'étaient déplacés pour exprimer leur inquiétude au nouveau maire Marc Demers qui a pris le temps de les écouter, mais qui a aussi précisé qu'il n'était pas question de faire perdre la face au gouvernement.

Comme le souhaitait Québec, la Ville de Laval a donc adopté une réglementation révisant son schéma d'aménagement afin de tenir compte des nouvelles cotes de crues. Du même coup, le maire Demers a reconnu que «ces cotes pénalisent injustement des centaines de citoyens qui voient la valeur de leur maison affectée».

Les témoignages livrés au cours de la période des questions laissaient voir l'impact concret que peuvent avoir les nouvelles cotes de crues. «J'ai mis toute ma vie dans ma maison. J'ai basé ma retraite là-dessus», a dit Danielle Gosselin. Un autre citoyen, Sylvain Daoust, qui vient d'acheter un terrain sur le bord de l'eau pour construire sa résidence, ne peut plus rien y faire, sinon assumer les coûts de son investissement. «C'est pas drôle», a-t-il laissé tomber. Quant à Sylvain Joly, dont la maison dans Fabreville est à vendre, il s'attend à ce que la transaction soit plus difficile à réaliser. Une pétition signée par au moins

100 citoyens a également été déposée au conseil municipal.

Concertation

L'administration Demers a choisi la voie de la concertation pour tenter de convaincre le gouvernement que ses calculs sont «non conformes à la réalité». «On a dit au gouvernement: on ne vous fera pas perdre la face», a dit

M. Demers, qui a donné l'assurance qu'il n'avait pas pour autant laissé tomber les propriétaires des 700 résidences concernées.

Le maire rencontrera vendredi la ministre responsable de la région, Nicole Léger, en compagnie des deux députés péquistes de Laval, Suzanne Proulx et Léo Bureau-Blouin. Or, les trois députés ont applaudi, en juillet dernier, lorsque le Conseil des ministres a adopté par décret les nouvelles cotes de crues qui, disaient-ils, répondaient «aux attentes exprimées» par les Lavallois. M. Bureau-Blouin soulignait même qu'«à Laval, nous sommes particulièrement touchés par le phénomène des inondations». La dernière fois que la rivière des Mille Îles est sortie de son lit, c'était en 1976, avant la naissance du député.

Pour obtenir gain de cause auprès du gouvernement, la Ville de Laval est à terminer une étude qui sera une «preuve scientifique». L'administration Demers entend également informer la population, qui est dans le flou puisque les cartes des zones inondables ne sont pas encore publiques, au cours d'une assemblée prévue le

5 décembre prochain.

Nominations

Par ailleurs, l'assemblée du conseil municipal a également été l'occasion de procéder à certaines nominations pour représenter Laval au sein de la Communauté métropolitaine de Montréal, à l'Office municipal d'habitation, au centre local de développement de Laval et au conseil d'administration de la Société de transport de Laval (STL). Le conseiller municipal David De Cotis, pilier du parti Mouvement lavallois, hérite de la présidence de la STL.

Ces nominations ont soulevé les critiques des élus de l'opposition qui souhaitent une plus grande collaboration. «L'épreuve du temps est nécessaire», a souligné Marc Demers.