Lorsque l'eau a commencé à envahir sa maison, Zolo Edgar Mondonelo a hissé sa fillette, son fils et sa femme sur le toit de leur maison de Tacloban, aux Philippines. Il est ensuite redescendu pour aller chercher des vivres. Il n'est jamais remonté. Sa famille est restée deux jours sur le toit avant que l'eau poussée par le typhon Haiyan se retire de la demeure. C'est à ce moment que sa femme l'a trouvé gisant sur le sol.

«C'est vraiment difficile à vivre, je me sens triste et impuissante», a raconté la tante de la victime, Evelyn Calugay, qui vit à LaSalle. «J'ai parlé à sa femme et elle est démolie. Je lui ai dit de tout faire pour survivre, de rester forte pour ses enfants.»

Le téléphone ne cessait de retentir chez Evelyn Calugay, hier. Pas une seule minute ne passait entre le moment où elle raccrochait et celui où la sonnerie se mettait à résonner de nouveau. La diaspora philippine de Montréal est plongée dans l'attente pendant que les nouvelles de leurs proches arrivent au compte-gouttes. Certaines sont douloureuses, d'autres bonnes, mais la grande majorité des Québéco-Philippins sont toujours sans réponse de leur famille, affirme l'Association philippine de Montréal et des banlieues.

Depuis samedi, Evelyn Calugay et sa soeur Ditha Mondonedo Arizobal multiplient donc les appels et les messages sur Facebook afin de connaître le sort des membres de leur famille. Elles ont appris la mort de leur neveu hier matin. Leurs soeurs et frères ont survécu, mais ils sont toujours sans nouvelles de plusieurs cousins et cousines.

«Ce qu'on nous raconte est épouvantable, il y a des cadavres et les gens ont commencé à faire du pillage. Il n'y a pas d'eau, pas de nourriture et pas d'électricité. Les gens se promènent dans les rues comme des zombies en cherchant à manger», affirme Ditha Mondonedo Arizobal.

«Où est l'aide?»

Les Nations unies ont évalué hier qu'il y aurait 10 000 morts dans la seule ville de Tacloban, frappée de plein fouet par la tempête.

Ce qui frustre le plus Evelyn Calugay et Ditha Mondonedo Arizobal, c'est le manque d'organisation sur le terrain. «Je trouve qu'ils ont été abandonnés par le gouvernement. Où est l'aide, la nourriture? L'aide médicale? Les Philippins sont laissés à eux-mêmes.»

«C'est le chaos là-bas, ajoute sa soeur. Les gens ont tellement faim qu'ils arrachent la nourriture des autres en pleine rue. On doit les aider.»