La CSST a demandé au ministère des Transports du Québec de documenter la présence d'amiante dans l'ensemble de l'ancienne gare de triage Turcot avant de réaliser des travaux d'excavation susceptibles de libérer dans l'air des particules nocives pour la santé.

Depuis mercredi, trois chantiers majeurs du MTQ reliés au projet de reconstruction de l'échangeur Turcot, dans le sud-ouest de Montréal, ont été fermés sans préavis après qu'on eut découvert des résidus d'amiante qui n'avaient pas été répertoriés jusque-là, lors des analyses de sols menées précédemment par le Ministère dans la gare de triage.

La porte-parole de la direction régionale de Montréal de la CSST, Fanny Geoffrion, n'a pu indiquer hier combien de temps pourrait durer la fermeture des trois chantiers du MTQ. «C'est au Ministère d'utiliser les ressources à sa disposition pour faire en sorte que les études demandées soient réalisées le plus rapidement possible», a-t-elle affirmé.

Selon Mme Geoffrion, des mesures de sécurité pour protéger les travailleurs contre l'inhalation des résidus d'amiante devront être mises en place sur tous les chantiers où on réalise des travaux d'excavation et où la présence d'amiante a été détectée. Les mesures à mettre en place devront être approuvées par la CSST avant la reprise des travaux.

Du plomb aussi

La CSST exige de plus que le MTQ propose une série de mesures pour protéger les travailleurs contre les risques d'exposition au plomb, sur l'un des chantiers présentement fermés. La semaine dernière, des sols contaminés par du plomb ont été mis au jour lors des travaux de construction du futur boulevard Pullman, dans la gare Turcot.

Les travaux ont été suspendus dans cette aire contaminée parce que les travailleurs ne disposaient pas des masques, des tenues de travail et des installations sanitaires nécessaires pour assurer la protection des travailleurs, lorsqu'ils manipulent des sols contaminés.

Au MTQ, hier, le chef du Bureau de projet de l'échangeur Turcot, Alain-Marc Dubé, a affirmé que le Ministère ne croyait pas que la mise en place de telles mesures de protection était nécessaire, sur le chantier du boulevard Pullman, en se basant sur les analyses de sols dont il disposait, qui indiquaient des concentrations de plomb n'outrepassant pas le seuil sécuritaire.

«On était en deçà des concentrations où ces mesures sont requises, a affirmé hier M. Dubé. Toutefois, la CSST souhaite que l'on applique la règle de l'exposition zéro. On était en discussion avec eux sur les mesures à prendre. On en a profité pour valider les résultats des analyses précédentes au niveau du plomb. Et c'est là qu'on a découvert l'amiante.»

C'est à la suggestion de la CSST, a indiqué hier Mme Geoffrion, que les analyses de sols du MTQ ont été étendues à la présence possible d'amiante.

«On ne connaît pas l'origine de l'amiante, a affirmé pour sa part M. Dubé. Nous allons donc faire une campagne de forage, en commençant dans les secteurs des trois chantiers en cours, qu'on va élargir ensuite à la grandeur des terrains de Turcot, partout où on a trouvé des scories lors d'études géotechniques précédentes».

Des scories ont été détectées dans presque 90% des terrains de cette ancienne gare de triage ferroviaire qui s'étend sur 85 hectares, et qui servira au MTQ de «camp de base» pour le transit des sols de remblais sur lesquels seront construites les voies de circulation du nouvel échangeur Turcot, d'ici 2019.

Une décontamination très coûteuse

Les mesures visant à assurer la sécurité des travailleurs exposés à des sols ou des matériaux contaminés à l'amiante incluent le port de masques respiratoires et de combinaisons étanches de même que l'installation de vestiaires et de douches spécialement aménagés pour éviter que des travailleurs ne quittent le chantier en traînant sur eux des poussières toxiques incrustées dans leurs vêtements.

De telles installations peuvent aussi être exigées dans les chantiers où sont manipulés des sols contaminés par le plomb, en vertu des règlements de santé et sécurité au travail en vigueur depuis 2011. Il n'y en a pas, présentement, sur les chantiers du MTQ, à l'échangeur Turcot, parce qu'on estimait que les concentrations de plomb mesurées dans les terrains de la gare ne le justifiaient pas.

Dix fois plus cher?

Les coûts et les délais qu'entraîne l'implantation de telles mesures sur les chantiers de Turcot n'ont pas été estimés par le MTQ, qui procédera, dans les deux prochaines semaines, à de nouvelles analyses de sols.

L'enlèvement de l'amiante est réputé très coûteux. En 2010, à titre d'exemple, la Ville de Québec a réalisé des travaux de réfection sur un boulevard dont le bitume était composé en partie de fibres d'amiante. Ces travaux ont coûté 10 fois plus cher que des travaux sur du bitume sans amiante, en raison des mesures de contrôle mises en place et des équipements utilisés pour prévenir la dissémination des poussières toxiques.