Les immigrants allophones en rétention culturelle et communautaire se déclarent en moins bonne santé que les autres, selon une nouvelle étude de l'Université du Québec à Montréal (UQAM).

Menée auprès de 506 nouveaux arrivants fréquentant des centres de francisation de Montréal, Longueuil et Brossard en 2011, l'enquête révèle une dégradation de l'état de santé des immigrants une fois qu'ils sont installés au Québec. Cette baisse est particulièrement marquée chez ceux qui sont les plus fidèles à la langue, aux valeurs et aux modes de vie de leur culture prémigratoire.

«Notre principal constat, c'est que la stratégie de repli peut avoir des conséquences inquiétantes pour la santé publique», indique Alain Girard, coordonnateur de la recherche réalisée sous la direction de Pierre Sercia, professeur à l'UQAM.

Sur une échelle de 0 à 100, les allophones en rétention culturelle fixent à 70% leur état de santé actuel, en chute de 16% depuis leur migration. Ceux qui s'intègrent en mixant des valeurs d'ici et d'ailleurs évaluent leur état de santé à 76%, en baisse de 8%. Les immigrants assimilés à la culture locale jugent quant à eux leur état de santé meilleur, avec une note de 81%, en baisse de 6%.

Plus stressés et dépressifs

Le portrait des allophones en rétention est sombre: ils se sentent plus stressés et plus dépressifs que les autres, tout en trouvant moins de professionnels de la santé pour les aider. Ils déclarent avoir moins de temps pour faire de l'activité physique et moins d'argent à y consacrer. Autre fait inquiétant, ils sont deux fois plus nombreux à souffrir d'insécurité alimentaire chronique (17% des immigrants en repli, contre 7% pour les autres).

Il est probable que ces immigrants «habitent des quartiers moins bien pourvus en parcs et centres sportifs», avance M. Girard. «Des raisons de nature religieuse et la difficulté de trouver des lieux où pratiquer l'activité physique seulement entre femmes» sont d'autres freins potentiels à leur pratique sportive, indique le sociologue.

Même s'il est moins bon qu'on l'espérerait, l'état de santé et de bien-être des immigrants qui s'intègrent est moins dramatique. Résultat inattendu, ceux qui s'en tirent le mieux sont les assimilés, «qui ont gardé certains réflexes qu'ils avaient avant d'immigrer, comme de bien manger, de faire de l'activité physique, d'avoir des loisirs actifs, précise M. Girard. Ils ne sont visiblement pas tombés dans les travers alimentaires et sédentaires de la société québécoise».