Aéroports de Montréal se défend d'avoir participé à quelque intrigue que ce soit dans le dossier du centre de compostage que la Ville de Montréal installera dans l'arrondissement de Saint-Laurent, et qui est actuellement dans la ligne de mire de la police.

Dans une lettre de dénonciation transmise à l'Unité permanente anticorruption (UPAC) et à l'Escouade de protection sur l'intégrité municipale (EPIM), l'actuelle présidente du comité exécutif de la Ville de Montréal, Josée Duplessis, rapporte des allégations formulées par son collègue Harout Chitilian, président du conseil municipal. Ainsi, Aéroports de Montréal (ADM) aurait rejeté l'idée que soit installé le centre de compostage sur ses propres terrains, question de favoriser le propriétaire du terrain retenu, à Saint-Laurent. La situation aurait été rendue possible à cause de l'amitié entre le propriétaire, Aaron Drazin, et le PDG d'ADM, James Cherry.

«C'est ainsi que fut inventé le problème du péril aviaire qui permettra à ADM de se retirer du projet du compost, favorisant de ce fait le propriétaire dudit terrain que la ville achèterait», peut-on lire dans la lettre obtenue par La Presse.

La vice-présidente communications et affaires publiques chez ADM, Christiane Beaulieu, a qualifié ces allégations de «ramassis». Elle a insisté pour dire que M. Cherry ne connaît pas M. Drazin et que le péril aviaire, soit les oiseaux qui constituent un danger pour la sécurité aérienne, est bien réel.

«Ça faisait longtemps qu'on avait dit non au projet, mais la Ville insistait. [...] Nous avons tout de même pris le temps de faire les recherches et analyses demandées», a expliqué Mme Beaulieu.

De plus, le lieu choisi dans l'arrondissement de Saint-Laurent est loin de réjouir ADM. Dans une lettre envoyée en juillet 2012 à Alan De Sousa, à l'époque responsable du dossier au comité exécutif, Mme Beaulieu exprime sa surprise et une certaine inquiétude. C'est par les médias qu'ADM a appris le choix du lieu à Saint-Laurent. Pour ADM, ce terrain est trop proche des activités aériennes. «Comme vous le savez, un centre de compostage peut représenter un risque additionnel en matière de péril aviaire pour un aéroport», écrit Mme Beaulieu.

Trois mois plus tard, une autre lettre d'ADM mentionne à la Ville que des mesures de prévention doivent être mises en place. ADM fait une longue liste de recommandations. Même si le centre de compostage sera de type fermé, la circulation de 70 camions par jour transportant du compost à ciel ouvert représente un danger en attirant les oiseaux, estime Mme Beaulieu.

L'UPAC, l'EPIM ainsi que le contrôleur général de Montréal ont été saisis du dossier dès février dernier. Ce ne serait toutefois qu'au cours des dernières semaines que des vérifications auraient été enclenchées.

Selon les informations transmises à la police, l'implication comme lobbyiste de Saulie Zajdel, ancien conseiller municipal et candidat conservateur défait, susciterait des doutes, puisqu'il n'est pas inscrit au registre des lobbyistes pour un mandat concernant le compostage. Il a agi comme conseiller auprès du propriétaire du terrain à Saint-Laurent. Par ailleurs, M. Zajdel a été arrêté et accusé de fraude en juin dernier.