«Attendez que j'aille vérifier. Je n'ai pas remarqué si j'ai de nouveaux graffitis sur la façade.»

Jean-Sébastien Lefebvre, propriétaire du Familiprix de la rue Wellington, dans le quartier Pointe-Saint-Charles, explique que les graffitis font tellement partie du décor «qu'on n'y fait même plus attention».

«Il y a quelque temps, j'ai repeint le mur à l'arrière. Presque aussitôt, de nouveaux graffitis sont apparus», raconte-t-il.

Au hasard de conversations avec des résidants de l'arrondissement du Sud-Ouest, le sujet des graffitis et des tags est toujours l'un des premiers à être soulevé.

«De mon salon, j'ai une vue imprenable sur le graffiti du mur d'en face. Tous ces graffitis, c'est dégueulasse», se plaint Lisette Daigle, qui habite à Saint-Henri, un secteur particulièrement touché.

Coûteux pour l'arrondissement

«J'ai eu un graffiti sur l'un de mes murs et j'ai dû le nettoyer moi-même, indique pour sa part Christophe Houdard, qui habite à Pointe-Saint-Charles. Mais quand t'as des enfants, t'as autre chose à faire le week-end que de courir à l'écoquartier emprunter le matériel. On paye assez de taxes, est-ce que la Ville ne pourrait-elle pas nettoyer cela elle-même?»

Il existe en fait un programme dans le Sud-Ouest grâce auquel les graffitis et les tags peuvent être enlevés gratuitement par l'arrondissement. Ce programme ne couvre cependant que des endroits bien particuliers - des artères commerciales, notamment.

À l'arrondissement, on ne cache pas que le nettoyage des graffitis - sur le domaine public, mais aussi chez les commerçants et les particuliers - prend une bonne part du budget consacré à la propreté. Les graffitis ont coûté 1,4 million à l'arrondissement depuis 2010, indique Huguette Roy, conseillère du Sud-Ouest responsable du dossier.

Entre janvier et juillet, les policiers du poste de quartier du Sud-Ouest ont reçu 44 plaintes relatives aux graffitis et ont arrêté 13 personnes.

Étant donné le nombre de graffitis et de tags dans le quartier, c'est peu, fait remarquer l'inspecteur Éric Lalonde.

Les résidants ne devraient pas être fatalistes et ils devraient appeler les policiers dès qu'ils aperçoivent de nouveaux graffitis, insiste-t-il.

Enlever les graffitis fait aussi partie de la solution, dit-il. «Suivant la théorie de la "fenêtre brisée", un vandale aura davantage tendance à s'en prendre à un édifice qui a l'air mal entretenu.»

«Les parents sont au courant»

Si les tags du Sud-Ouest étaient essentiellement le fait de gangs de rue il y a quelques années, ils sont maintenant réalisés essentiellement par des jeunes de 12 à 16 ans, explique Éric Lalonde.

«Leurs parents sont au courant. Leurs enfants sortent le soir, reviennent à la maison avec des doigts tachés, quand ils n'ont pas des pots de peinture dans leur chambre...»

Dès l'âge de 12 ans, les jeunes qui font des graffitis s'exposent à des accusations de méfait. À l'âge de 14 ans, un jeune pris sur le fait reçoit un constat d'infraction d'une centaine de dollars.

Au surplus, les parents risquent d'être poursuivis au civil par les propriétaires des édifices touchés par les graffitis.