Ils se nomment Gino, Liza, Cesare, Maria, Vito ou Josée. Ils sont connus. Ou non. Jeunes. Vieux. Ou entre les deux. Ils ont en commun d'être Montréalais d'origine italienne. Et on les a choisis parce que, sans eux, la ville serait un peu plus ennuyeuse. Six portraits d'Italiens qu'on aime.

Liza Frulla, bouillante « ex »

Le moins qu'on puisse dire, c'est que ce bouillant personnage médiatique ne s'impose aucune limite. Élue députée provinciale dans Marguerite-Bourgeoys sous Robert Bourassa, en 1989, puis élue dans Verdun-Saint-Henri-Saint-Paul-Pointe-Saint-Charles en 2002, dans le cabinet fédéral de Paul Martin, elle a voté oui en 1980 et non en 1995.

Ayant renoncé à sa chaise dans le sélect Club des ex de RDI - en conflit d'intérêts, parce que le nom de son conjoint a été cité à la commission Charbonneau -, la loquace Liza continue de partager ses humeurs dans le salon de C'est juste de la TV. Cette fille d'immigrants italiens préside aussi la Fondation du Musée d'art contemporain de Montréal, a déjà travaillé en marketing pour Labatt et dirigé la station CKAC, entre autres. La retrouvera-t-on un jour à la barre d'une émission de cuisine ? On ne sait jamais.

Nonna Maria, Insupportable marionnette

Grand-mère attachante et insupportable, Nonna Maria est une star du Montréal italien. Apparue sur YouTube il y a quatre ans, cette marionnette est devenue si populaire qu'elle a maintenant son propre talk-show sur le site web du magazine Panoramitalia.

Qu'il s'agisse d'une visite au marché Jean-Talon, d'une balade en ville après une victoire de l'équipe de foot italienne ou d'un échange animé avec son petit-fils David, elle aborde avec beaucoup d'humour et d'ironie la culture italienne et ses variantes nord-américaines. Apparemment, la communauté adore. « La réponse a été incroyable depuis le début, explique son concepteur Anthony Imperioli. On n'a jamais eu de commentaires négatifs. »

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

Josée Di Stasio, virtuose des fourneaux

Les recettes de la célèbre virtuose des fourneaux de Télé-Québec sont si prisées qu'elles causent des pénuries dans les épiceries. Josée a cuisiné un osso buco à son émission d'hier soir ? Le jarret de veau est probablement en rupture de stock chez votre boucher.

Révélée au grand public aux côtés de Daniel Pinard, elle nous a transmis sa sagesse culinaire italienne avec style et raffinement. Celle qui a cuisiné au petit écran des pâtes avec Gérard Depardieu et du jambon au foin avec Janette Bertrand a dévoilé les secrets du limoncello parfait et de la pasatta de ses ancêtres. Elena et Stefano Faita, deux autres purs produits de la communauté italienne, sont devenus des favoris du grand public grâce à leurs passages dans la cuisine de di Stasio.

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE

Cesare Barone, le coiffeur chantant

Quand il a commencé, la coupe de cheveux coûtait 85 cents. Jean Lesage était au pouvoir et Maurice Richard venait tout juste de prendre sa retraite. C'était en 1961. Le monde a bien changé depuis, mais Cesare Barone, lui, est toujours au poste chez Fygaro (1205, rue Bélanger Est), l'un des plus vieux salons de barbier à Montréal. Le commerce porte bien son nom, puisque Cesare chante aussi.

Il y a quelques années, il a enregistré un disque d'airs d'opéra en italien à la manière Boccelli. Rien de sérieux, dit-il, c'était seulement pour le plaisir. Il jure que sa carrière est terminée. Mais avec un peu de chance, il vous roucoulera peut-être O Sole Mio dans le cou. « Je chante quand un client me le demande. Ou quand j'ai pris un petit verre. Ça stimule ! »

PHOTO ANNE GAUTHIER, LA PRESSE

Vito, l'homme au million de cafés

Son père travaillait dans un café. Son frère travaillait dans un café. Il a grandi au-dessus d'un café. Il était normal que Vito Azzue gagne sa vie avec le café. Pendant 15 ans, Vito a épaté les habitués du café Open da Night (dans le Mile End) avec son imparable technique manuelle. Aujourd'hui, il dirige son propre café (Chez Vito) au 151, rue Villeray. La place a changé, mais beaucoup de ses clients l'ont suivi.

« Mon secret, c'est le service, dit-il. Je connais tout le monde. » Vito, 40 ans, estime qu'il a dû faire « au-delà d'un million de cafés » au cours de sa longue et crémeuse carrière. Et à l'entendre, c'est loin d'être fini. « Je suis prêt pour un autre 10 ans ! »

PHOTO DAVID BOILY, LA PRESSE

Gino Brito, Italien du ring

Il a combattu Abdullah the Butcher. Rétabli la justice dans le ring. Remis Eddie Creatchman à sa place. Et nous a fait rêver d'une Italie pure et loyale. Pilier de la « connection italienne », Gino Brito est un des derniers survivants de la grande époque de la lutte québécoise. Sa carrière a duré de 1959 à 1984. Il a gagné d'importants combats (ceinture de la WWF pendant neuf mois), s'est battu au Tokyodome devant 75 000 personnes, avant de se recycler dans le milieu de l'automobile.

Remis d'un gros accident cardiaque, Gino Brito, 72 ans, jouit aujourd'hui d'une retraite bien méritée. « J'ai eu des années riches, j'ai eu des années pauvres. Je me suis disloqué l'épaule et j'ai eu mal aux genoux. Mais je ne me plains pas. J'ai travaillé et j'ai voyagé quand même beaucoup... »

PHOTO ANNE GAUTHIER, LA PRESSE