Une entente pour garder le Grand Prix de Formule 1 à Montréal jusqu'en 2024 pourrait être conclue bientôt, malgré les accusations de corruption qui pèsent contre deux des principaux négociateurs.

Le nouveau lieutenant québécois de Stephen Harper, Denis Lebel, a affirmé vendredi en entrevue avec La Presse qu'Ottawa souhaitait toujours conclure cette entente avec l'entreprise Formula One Management de Bernie Ecclestone, malgré les événements des dernières semaines.

«L'intérêt demeure le même. Il faut juste revoir comment les choses se placent», a déclaré M. Lebel.

Le gouvernement fédéral avait chargé Michael Applebaum de négocier avec Bernie Ecclestone dans le dossier. Mais l'ex-maire intérimaire de Montréal a été arrêté il y a quelques semaines et est maintenant accusé de diverses infractions criminelles de fraude et de corruption.

Il y a quelques jours, le grand manitou de la Formule 1, Bernie Ecclestone, a lui aussi été accusé de corruption en Allemagne, en lien avec une histoire de pot-de-vin versé à un banquier.

La balle dans le camp d'Ecclestone

Les politiciens n'ont pas semblé faire grand cas de ces incidents, vendredi.

Selon une source au fait des négociations, les conversations entre MM. Applebaum et Ecclestone ont été limitées au minimum, puisque le véritable négociateur dans ce dossier est l'ancien sénateur conservateur Michael Fortier.

Selon cette source qui a requis l'anonymat, les négociations sont très avancées et la balle se trouve actuellement dans le camp de Formula One Management, qui doit revoir certaines propositions.

«Ottawa attend d'avoir le signal des trois autres parties [la Ville de Montréal, le gouvernement du Québec et Tourisme Montréal] pour passer au conseil des ministres. Et ça, honnêtement, je ne sais pas quand ça va se passer. Ça peut être dans deux semaines, comme ça pourrait être dans deux mois.»

Prudent, le ministre Lebel n'a pas voulu fixer d'échéancier quant à une ratification possible de l'entente par ses collègues du Cabinet. Il n'a pas non plus voulu se prononcer directement sur l'impact des accusations portées contre Bernie Ecclestone.

Le lieutenant québécois de Stephen Harper s'est contenté de réitérer l'intérêt de son gouvernement. Pour le reste, a-t-il dit, il serait nécessaire de faire le point prochainement avec les parties canadiennes impliquées. «Il faut au moins revoir où nous en sommes», a-t-il déclaré.

Au début du mois de juin, Ottawa s'est fait accuser de bloquer les négociations, lorsqu'il aurait décidé qu'il ne majorerait plus sa contribution annuelle.

L'entente actuellement négociée prévoit l'indexation de la contribution publique annuelle de 4%. En ce moment, 15 millions de dollars sont versés chaque année à l'entreprise de M. Ecclestone pour tenir le Grand Prix du Canada à Montréal. L'entente prend fin en 2014. Si une autre entente est signée pour une période de 10 ans, les contribuables devraient payer 22,2 millions.

Au bureau du ministre des Finances du Québec, Nicolas Marceau, on n'a pas répondu à nos questions.

Quant au cabinet du maire par intérim de Montréal, Laurent Blanchard, on assure que la mise en accusation de MM. Applebaum et Ecclestone n'affecte pas les pourparlers pour le financement à long terme du Grand Prix.

«Les négociations vont bon train», a indiqué le porte-parole du maire, Jonathan Abecassis.

Rénovation du paddock

L'un des problèmes que doivent résoudre les trois ordres de gouvernement est l'épineuse question du remplacement du paddock. Bernie Ecclestone exige la rénovation de cette infrastructure désuète, un projet qui coûterait de 25 à 45 millions.

La Ville a un moment jonglé avec l'idée de payer ces rénovations, l'infrastructure se trouvant au parc Jean-Drapeau. Mais dans la foulée de la série de scandales qui a ébranlé l'hôtel de ville, sans compter la débâcle de la restauration de l'ancien Hélène-de-Champlain, l'administration intérimaire se serait montrée beaucoup moins encline à allonger des millions.

Selon un scénario étudié au cours des dernières semaines, la Ville de Montréal avancerait donc les fonds. Elle se rembourserait en prélevant une part des recettes aux guichets. Si le Grand Prix devait plier bagage, une clause lui permettrait de récupérer ses billes.