Les électeurs risquent d'ignorer quels candidats locaux représentent la coalition de l'aspirant maire Marcel Côté lorsque viendra le temps de voter, le 3 novembre. Élection Montréal prévient que la formule retenue par la formation ne cadre pas avec la loi électorale.

L'économiste Marcel Côté a confirmé hier sa candidature à la mairie de Montréal. Vantant les «progrès remarquables» réalisés par la coalition mise sur pied au lendemain de la démission de Gérald Tremblay, l'aspirant maire veut faire perdurer la formule.

Pour y arriver, l'équipe de Marcel Côté a mis de l'avant une formule complexe afin d'aligner une équipe complète à la prochaine élection. Inscrit pour l'instant comme indépendant, le candidat à la mairie de la métropole a déposé hier une demande pour former un parti, baptisé Coalition Montréal. Selon les explications fournies, cette formation politique ne présentera officiellement qu'un seul candidat, soit Marcel Côté.

Pour l'élection des maires et des conseillers d'arrondissements, ainsi que des conseillers municipaux, la Coalition alignera plutôt une panoplie de partis locaux qui diront appuyer Marcel Côté, sans pour autant être membres de son parti. Ainsi, dans l'Est, le groupe sera représenté par Vision Montréal, de Louise Harel. L'ouest de l'île devrait quant à lui voir naître plusieurs partis se limitant aux frontières des arrondissements. Des élus indépendants pourront également adhérer au regroupement.

Or, cette formule empêchera les candidats d'être associés à Marcel Côté et à la Coalition Montréal sur le bulletin de vote, explique Pierre G. Laporte, porte-parole d'Élection Montréal. «Il n'y a aucune notion de coalition dans la loi. On a beau appeler ça Coalition Montréal, dans les faits, ça reste un parti. Sur le bulletin de vote, on ne peut pas avoir d'écrit "je suis un candidat de tel parti qui soutient tel autre parti". Dans l'état actuel de la loi, c'est impossible: un candidat ne peut pas être affilié à deux partis en même temps.»

Influence de la notoriété

Le problème peut sembler bénin en apparence, mais il risque de devenir important pour les électeurs lorsqu'ils se retrouveront seuls dans l'isoloir. Rappelons que chaque électeur est appelé à cocher devant trois à cinq noms sur son bulletin, selon l'arrondissement. Si les candidats ne peuvent s'afficher pour la Coalition sur le bulletin, comment les citoyens pourront-ils les départager?

Signe de l'importance que joue la notoriété des chefs de parti sur les bulletins de vote, Projet Montréal vient de changer son nom pour ajouter celui de son dirigeant, Richard Bergeron. Pour aider ses candidats à se faire élire, le candidat Denis Coderre a quant à lui décidé dès le départ de miser sur sa notoriété. Il a baptisé sa formation Équipe Denis Coderre pour Montréal.

Au sein de la Coalition, on est conscients de l'écueil posé sur les bulletins de vote par la formule du regroupement. «On est en discussion sur les moyens d'identifier ceux qui appartiennent à la Coalition», a indiqué hier Marcel Côté.

Chez Vision Montréal, on cherche comment inclure le nom de Marcel Côté ou de la Coalition sur les bulletins de vote. Les solutions proposées au Directeur général des élections ont été refusées pour l'instant. «On a des conseillers juridiques qui sont en contact avec le Directeur général des élections pour savoir si c'est possible d'avoir sur le même bulletin de vote Vision Montréal et Équipe Marcel Côté. Ça serait l'idéal, mais a priori, ça n'apparaît pas évident», a indiqué Réal Ménard.

Coalition décentralisée

Au-delà des bulletins de vote, la formule adoptée par Coalition Montréal pour la campagne électorale s'annonce très décentralisée. La formation présentera une plateforme électorale au début de l'automne pour la campagne à la mairie, mais chaque arrondissement devra adopter une plateforme locale. Seule condition pour les candidats locaux: leurs engagements doivent respecter la déclaration commune présentée hier.

Pour éviter les déchirements internes, Coalition Montréal s'est dotée d'un comité de direction de trois membres. Il est composé du candidat à la mairie, Marcel Côté, de la chef de Vision Montréal, Louise Harel, et de l'indépendant Marvin Rotrand. «À trois, on pense être capables de gérer une coalition, dit Marcel Côté. Ce qu'on veut, c'est départisaniser la politique montréalaise. On pense que pour ramasser les déchets, faire des belles rues, faire marcher les trains, on n'a pas besoin des partis politiques.»