Élu maire par intérim en promettant de rétablir la confiance des Montréalais, Michael Applebaum avait fait de la lutte contre la collusion son principal cheval de bataille, avant d'être lui-même arrêté hier, pour une histoire de corruption.

«Je veux effacer cette tache sur notre ville», avait déclaré M. Applebaum lors de sa prestation de serment, en novembre dernier.

Désigné par le conseil municipal pour remplacer Gérald Tremblay, Michael Applebaum a rapidement tenté de se camper en champion de l'intégrité.

Peu après son arrivée à la mairie, il a appelé l'Unité permanente anticorruption (UPAC) pour dénoncer le fait qu'un rapport de la Ville sur la collusion avait été caché depuis 2004.

Puis, en décembre, Montréal a modifié les règles d'attribution des contrats. Ceux-ci seraient dorénavant interdits aux firmes qui ont admis avoir truqué les appels d'offres de la Ville.

Le changement avait peu attiré l'attention à l'époque, mais ses conséquences ont été grandement médiatisées au printemps. Michael Applebaum en a profité pour interdire à toutes les entreprises dont un dirigeant a admis devant la commission Charbonneau avoir participé à la collusion d'obtenir des contrats de la Ville.

Autre coup d'éclat, le maire par intérim a annoncé en janvier la création d'une escouade policière dédiée à la lutte contre la collusion et la corruption, l'Escouade de protection de l'intégrité municipale (EPIM).

L'annonce avait toutefois été entachée par des révélations du Devoir et de La Presse sur une enquête menée par l'UPAC sur Michael Applebaum.

Le 13 février, les policiers ont d'ailleurs fait une vaste perquisition à l'hôtel de ville de Montréal et dans plusieurs mairies d'arrondissement. D'autres perquisitions ont également eu lieu les 22 et 23 mai, notamment dans les bureaux de l'arrondissement de Côte-des-Neiges-Notre-Dame-de-Grâce (CDN-NDG), dont Applebaum a été maire de 2002 à 2012.

Allégeances multiples

Premier maire anglophone de Montréal en 100 ans, Michael Applebaum est en politique municipale depuis 19 ans. Cet ancien commerçant de chaussures s'était fait connaître en 1993 en menant une campagne contre la décision du maire Jean Doré de fermer 29 patinoires.

«Ça n'a plus d'allure: les Montréalais paient beaucoup trop de taxes pour les services qu'ils reçoivent. Si je suis élu, je vais m'arranger pour que les citoyens en aient pour leur argent», avait lancé Michael Applebaum lors de sa toute première entrevue accordée à La Presse.

Avant les fusions, l'homme s'est fait plutôt discret. À l'époque, Michael Applebaum a surtout fait parler de lui pour ses changements d'allégeance. En 19 ans de politique, il a adhéré à pas moins de quatre partis politiques, en plus de siéger comme indépendant à plusieurs reprises.

L'homme de l'après-Zampino

Lors des fusions, Michael Applebaum est devenu maire de l'arrondissement de CDN-NDG. Tout en poursuivant son travail d'agent d'immeubles jusqu'en 2009, il a également présidé le comité d'urbanisme de son arrondissement.

C'est après le départ de Frank Zampino de l'administration Tremblay que Michael Applebaum a pris rapidement du galon. Après avoir longtemps été confiné au rôle de maire d'arrondissement, il est entré au comité exécutif en janvier 2009, où il s'est occupé des sports et des loisirs.

Au lendemain de l'élection de novembre 2009, il a continué à gravir les échelons et est devenu vice-président du comité exécutif. Puis, en avril 2011, Gérald Tremblay lui a confié le puissant poste de président du comité exécutif.

Il lui a succédé en novembre dernier.

Avec Karim Benessaieh et Kathleen Lévesque