Au lendemain de la démission fracassante du directeur général de la Ville de Montréal Guy Hébert, les deux partis d'opposition ont fait leur lit en ce qui concerne son successeur: ils réclament le retour de Rachel Laperrière.

Haut fonctionnaire à la Ville à partir de 2001, Mme Laperrière a assuré l'intérim lors du départ de deux directeurs généraux, Claude Léger en 2009 et Louis Roquet en 2012. Elle est sous-ministre à la Culture à Québec depuis septembre dernier.

Lundi, lors de l'annonce de la démission de M. Hébert, le maire Michael Applebaum avait annoncé que le directeur du capital humain, Jean-Yves Hinse, allait assumer l'intérim jusqu'aux prochaines élections, en novembre. Ce matin, au conseil municipal, le chef de Projet Montréal, Richard Bergeron, a plutôt fait valoir les faits d'armes de Mme Laperrière. «Connaissons-nous quelqu'un qui aurait les mêmes qualités, la connaissance et le respect des institutions montréalaises? Ne pourriez-vous pas ouvrir le poste très rapidement et prendre l'initiative d'inviter MMe Laperrière à se porter candidate?»

Pas question, a précisé M. Bergeron, de n'offrir un poste intérimaire à Mme Laperrière. En point de presse peu après, il a été plus incisif à l'égard de M. Hinse. «Tout le monde sait qu'il était un collaborateur de Guy Hébert. Je souhaite que l'intérim soit le plus court possible.»

La chef de l'opposition, Louise Harel, a abondé dans le même sens. C'est son parti, en 2010, qui avait d'ailleurs proposé la nomination permanente de Mme Laperrière.

«Totalement confiance» en Parent

Devant le conseil, le maire Applebaum n'a pas fermé la porte et a expliqué que cette décision sera discutée demain par le comité exécutif. La nomination d'un directeur général permanent devra être soumise au conseil municipal, un processus qui risque d'être trop long, a-t-il plaidé. «C'est le comité exécutif qui va prendre une décision dans les plus brefs délais. Laissez-nous discuter de ce dossier. Ça ne fait même pas 24h. Donnez-nous un jour ou deux, on verra ce qu'on peut proposer.»

En point de presse peu après, il a dû se défendre encore une fois d'avoir cru la version des faits de Guy Hébert, qui soutenait n'avoir jamais tenté de limoger Marc Parent.  «C'est très surprenant pour quiconque que M. Hébert aille jusqu'à ce point. J'ai cru à sa parole. Est-ce que dans le futur, je vais appeler moi-même (pour vérifier auprès de Québec)? Oui, peut-être.»

Il a annoncé avoir parlé ce matin au ministre des Affaires municipales Sylvain Gaudreau. «Il m'a dit qu'il me supportait dans la décision de demander la démission de Guy Hébert.»

L'ex-directeur général, a martelé le maire, a agi sans son consentement et sans l'informer de ses démarches. Il a assuré à plusieurs reprises avoir «totalement confiance» en son directeur de police, Marc Parent. «M. Hébert n'avait pas le droit de faire ce qu'il a fait. Je n'ai donné aucun mandat pour remplacer Marc Parent, en aucun temps.»

En réponse aux questions des journalistes, il a rejeté la possibilité de demander à Québec de déclencher des élections générales anticipées dès cet été. Dans des entrevues en matinée, le chef de Projet Montréal, Richard Bergeron, avait évoqué cette possibilité. Ce dernier a ensuite précisé qu'il évoquait «un des trois scénarios possibles» d'ici au 3 novembre, avec la tutelle et la continuité de l'administration de coalition. «C'est avec ce dernier scénario  que je travaille, le seul qui dépend de Montréal, a-t-il expliqué. À part les événements d'hier et les perquisitions, ça fonctionne assez bien.»