Si les rails du défunt tramway, disparu de Montréal en 1959, ne traînaient pas encore sous la chaussée, une catastrophe aurait pu survenir ces derniers jours, angle McGill et Sainte-Catherine, où la chaussée s'est affaissée mardi après-midi.

C'est ce qu'a admis le vice-président du comité exécutif de Montréal et responsable des infrastructures, Richard Deschamps, lors d'un point de presse qui s'est tenu en bordure de cette intersection très passante qui demeurera fermée pour quelques semaines.

Mardi en fin d'après-midi, la chaussée s'est affaissée en plein coeur du carrefour. D'une quinzaine de centimètres tout au plus. Rien de très alarmant, vu du plancher des vaches.

«Mais en descendant dans le sous-sol, nous avons découvert un problème plus complexe», a expliqué M. Deschamps.

Il a décrit un trou de «15 pieds par 20 pieds, et huit de profondeur», sous la dalle d'asphalte. Bref, une mince couche d'asphalte et en dessous, le vide.

«Il y avait un danger imminent», a admis le politicien, qui y est ensuite allé de cette affirmation surprenante : «ce sont les anciens rails du tramway qui tiennent encore la dalle».

Le dernier tramway a roulé à Montréal, sur le boulevard Rosemont, en 1959 !

La conduite d'eau dont la fuite semble être la responsable de l'affaissement n'est pas moins antique.

«On parle d'une conduite qui date de 1896, en briques. Ce sont de très bonnes conduites, mais évidemment, l'âge a fait son oeuvre», explique toujours Richard Deschamps.

Il dit qu'il est encore trop tôt pour établir un diagnostic précis sur les causes de cet affaissement majeur et les remèdes à adopter.

«On ne peut pas encore expliquer la cause. Il faut comprendre que ça vient tout juste d'arriver. Il y a eu des pluies diluviennes récemment, ça pourrait avoir révélé une faiblesse. Mais ça reste une hypothèse».

Si la chaussée s'était effondrée, vu la taille du trou, une voiture, un camion, ou même des personnes, vu le nombre de manifestants qui déambulent sur place chaque soir, auraient pu être engouffrés. Richard Deschamps répète que la Ville ne pouvait prévenir un tel danger.

«On ne peut connaître tous les points stratégiques», dit-il.

Ce dossier représente selon lui un bel exemple de la complexité des dossiers que la Ville gère quotidiennement et du besoin criant de fonds pour mettre au niveau les infrastructures montréalaises.

«Il y a eu négligence depuis 40 ans dans l'entretien des conduites», admet-il.

On tente encore de comprendre la nature exacte du problème et planifier une intervention pour réparer le tout.

Note aux automobilistes, l'intersection sera fermée au moins quelques semaines. À noter que dans le même secteur, la rue Peel est aussi fermée en raison d'un bris de conduite d'aqueduc survenu la semaine dernière dont la réparation s'est avérée plus complexe que prévu. Le 22 mai dernier, un affaissement de chaussée similaire a aussi causé la fermeture de la rue Sherbrooke à l'angle Victoria. Ilaura fallu deux semaines pour remettre les lieux en état.