Jean-Miville Bois, un vieux routier du braquage de banque mort récemment, n'était peut-être pas aussi doux que le laisse croire son surnom de «gentleman cambrioleur».

En effet, La Presse a appris que la police de Longueuil avait récemment demandé au procureur aux poursuites criminelles et pénales de l'accuser de meurtre prémédité.

La police a annoncé lundi qu'un homme qu'elle considérait comme le suspect principal dans une affaire remontant à 2006 était mort et que l'affaire était donc résolue et classée.

Le matin du 13 janvier 2006, un braqueur s'est présenté dans une succursale de la Banque de Montréal, sur le boulevard Cousineau, à Saint-Hubert.

Un client se trouvait au guichet automatique. Une employée est arrivée au même moment pour ouvrir la succursale.

Le voleur a alors ordonné à la dame et au client de le suivre à l'intérieur.

«Le client a dit non, je ne te suis pas. Le voleur, qui avait une arme à feu, l'a frappé à la tête avec la crosse. L'homme est tombé au sol. Il est mort après six mois d'hospitalisation», raconte l'agent Martin Simard, porte-parole de la police de Longueuil.

Jusqu'en mai dernier, quand la police a tenté de relancer son enquête par les médias après avoir amassé de nouvelles preuves scientifiques et établi un portrait robot, on n'a plus entendu parler de l'affaire. Des gens du public se sont manifestés et ont permis aux limiers de désigner un suspect.

Plusieurs mois plus tard, les policiers en sont arrivés à la certitude qu'ils tenaient leur homme. Le meurtre du client était pour eux résolu et le dossier a été soumis à un procureur il y a quelques mois, comme le veut la procédure habituelle. Sauf que, avant même que des accusations puissent être portées contre lui, le suspect est mort le 30 janvier dernier au pénitencier fédéral de Cowansville, où il était détenu pour d'autres braquages.

La police refuse de révéler le nom de l'homme puisqu'il n'a jamais été formellement accusé de meurtre. Mais La Presse a appris que le suspect serait Jean-Miville Bois, âgé de 56 ans au moment de sa mort.

Bois purgeait depuis 2010 à Cowansville une peine de 13 ans de pénitencier pour divers braquages.

En effet, très peu de temps après ce vol où il aurait causé la mort d'un client, il a commis des vols qualifiés dans le même secteur.

Le 5 juillet 2007, ganté de noir et le visage couvert d'un masque de chirurgien, il s'est attaqué à une succursale de la Banque Laurentienne, chemin Chambly, à Longueuil. Armé d'un pistolet à plombs qui avait tous les airs d'une vraie arme à feu, il a lancé à une caissière qu'il n'avait rien à perdre et qu'elle ferait mieux d'obtempérer. Elle lui a remis 447 000 $, mais elle a tout de même réussi à alerter la police, si bien que les agents ont encerclé la banque avant que Bois n'en sorte. Il a pris des employés en otage pendant plusieurs heures avant de se rendre.

Une fois arrêté, il a admis être l'auteur d'un autre vol, un an plus tôt, dans une banque CIBC de Chambly. Cela lui avait rapporté 58 000 $.

Surnommé le «gentleman cambrioleur», il avait écumé une vingtaine de banques dans les années 70 et 80 et purgé plusieurs peines de prison.

Avant ses récidives en 2006 et 2007, on n'avait pas entendu parler de lui depuis une vingtaine d'années. Il avait obtenu un pardon pour ses crimes, avait trouvé un boulot, s'était marié et avait fondé une famille. Lors des plaidoiries sur la peine, en 2010, son avocat avait affirmé que son client avait retrouvé une vie rangée mais qu'il avait souffert d'une «dépression nerveuse majeure» dans les années précédentes.

Avant de commettre le braquage de la Laurentienne, un an et demi après le meurtre dont il est aujourd'hui suspecté, il avait laissé un message à ses proches.

«Ça passe ou ça casse», leur avait-il annoncé sur un répondeur.