L'ampleur de la tâche policière aux abords de la ferme Shefford s'apparente au fait de chercher une aiguille dans une botte de foin. Mais, loin de se décourager, l'anthropologue judiciaire Guy Gauthier se montre au contraire optimiste et explique comment de minimes fragments d'os peuvent receler bien des secrets.

«On a vu des dents résister à plus de 1100 degrés dans un incinérateur humain. On a donc toutes les chances de retrouver des petits bouts de dents ou d'os de quelques millimètres», croit M. Gauthier, enseignant au cégep Marie-Victorin et auteur de plusieurs ouvrages, notamment Secrets d'ossements.

Tamiser le sol

Selon lui, les anthropologues judiciaires qui prennent part aux fouilles s'efforceront d'abord de récupérer des fragments d'os. En cas de succès, on tentera alors d'identifier la victime, en comparant l'ADN prélevé avec celui de la famille proche de Diane Grégoire. Une dent ou un petit bout d'os de quelques millimètres suffisent pour prélever l'ADN. Les chercheurs tenteront également de mettre la main sur divers objets, comme des bijoux, fermeture éclair, ou autres éléments métalliques de vêtements que la victime portait lors de sa disparition.

Pour y parvenir, les autorités vont tamiser le sol manuellement, à l'aide de moustiquaires sur lesquelles des seaux de terre sont versées. L'infiltration d'eau dans les ossements peut cependant compromettre une identification.

Habituellement, l'analyse ADN est fiable à 100%, même si l'incinération du corps remonte à quelques années. Il cite en exemple l'identification d'une victime du Titanic presque un siècle après le naufrage, simplement à partir de petits bouts d'os d'un fémur et d'un poignet, raconte Guy Gauthier.

L'anthropologue rappelle aussi la découverte des restes du tsar Nicolas II, assassiné, défiguré à l'acide et enterré à l'instar de plusieurs membres de sa famille par les bolcheviques en 1918. Près d'un quart de siècle plus tard, des scientifiques sont parvenus à identifier les restes de la famille royale en comparant l'ADN prélevé sur des ossements retrouvés à celui du prince Philip, duc d'Édimbourg et descendant de la tsarine.

M. Gauthier rappelle aussi que l'ADN et le tamisage ont permis plus récemment d'identifier 32 victimes du meurtrier en série Robert Pickton, un éleveur de porcs de la banlieue de Vancouver.

Les autorités avaient notamment retrouvé des traces d'ADN dans le purin de porc.