Pour la deuxième fois en quelques mois, la pizzeria Granada de la rue Charleroi a été visée par un cocktail Molotov tôt vendredi matin. Ce nouvel attentat porte à cinq le nombre d'établissements - dont quatre pizzerias - ciblés par des incendies criminels sur cette rue de Montréal-Nord depuis novembre.

La vitrine du commerce a été fracassée et le sinistre a été allumé à l'intérieur. L'incendie, vite maîtrisé par les pompiers, a cependant fait peu de dommage.

Le restaurant situé à l'angle de l'avenue Drapeau venait tout juste de rouvrir, après avoir été incendié une première fois en novembre dernier. Cet acharnement s'explique mal, puisque la pizzeria n'avait auparavant jamais eu de problème depuis son ouverture il y a quelques années. Le propriétaire souligne d'ailleurs n'avoir jamais fait l'objet de menace.

Quelques heures après ce nouvel attentat, deux enquêteurs de la Section des incendies criminels du Service de police de la Ville de Montréal fouillaient l'établissement en quête d'indices.

Plusieurs voisins et employés observaient la scène en bordure des cordons policiers.

Selon eux, le restaurant a été visé à nouveau parce qu'il fait de l'ombre à d'autres établissements de cette rue parsemée d'immeubles à logements et de commerces.

Les policiers semblent aussi retenir l'hypothèse d'une forte et malsaine compétition entre commerçants de la rue, pour justifier cette attaque et les précédentes survenues il y a quelques mois.

En novembre, trois pizzérias de la rue Charleroi avaient été prises pour cible, de même qu'un salon de coiffure. Deux de ces pizzérias avaient été attaquées à quelques minutes d'intervalle.

Un objet incendiaire avait calciné une bonne partie de la pizzéria Champion, à l'angle de la rue Jean-Meunier. Une famille avec trois jeunes enfants qui habitait l'appartement perché à l'étage avait dû être évacuée en pleine nuit. Le propriétaire de l'établissement disait n'avoir fait l'objet d'aucune menace.

Même chose pour le propriétaire du restaurant Double-Pizza, situé un peu plus loin. «Ça fait cinq ans que je possède l'endroit, je n'ai jamais eu de menace ou de problèmes. Je ne connais même pas le propriétaire de l'autre endroit attaqué», avait alors expliqué le propriétaire.

La pizzeria Granada avait ensuite été visée une première fois quelques jours plus tard. Les flammes avaient ravagé le commerce, avant de gagner le deuxième étage de l'immeuble, où dormaient une dizaine de personnes. Les lourds dégâts avaient forcé le propriétaire à entreprendre d'importantes rénovations.

À l'époque, le SPVM avait envoyé une lettre aux résidants et commerçants de la rue Charleroi pour les rassurer et leur faire savoir que les patrouilles policières seraient multipliées dans le quartier.

Les attentats rue Charleroi n'auraient rien à voir avec les nombreuses attaques au cocktail Molotov dans des cafés italiens, qui font les manchettes depuis 2009.