La police de Longueuil a diffusé hier les premières images d'un agresseur en série soupçonné d'avoir commis une dizaine d'agressions sexuelles depuis février - dont six à la pointe d'un couteau - dans un secteur bien circonscrit de Brossard, sur la Rive-Sud.

Une caméra de surveillance perchée dans le stationnement du Mail Champlain a filmé l'individu de 25 à 30 ans au moment de son dernier crime, survenu le 13 octobre dernier. Vers 19h ce jour-là, l'agresseur a traqué une jeune employée du centre commercial jusqu'à un abribus. L'homme aurait ensuite dit des paroles à caractère sexuel à sa victime de 20 ans jusqu'à l'arrivée de l'autobus. L'agresseur a déguerpi lorsque la jeune femme est montée à bord de l'autobus.

Les enquêteurs ont lié cet incident à une dizaine de dossiers ouverts dans ce secteur, aux environs des boulevards Taschereau et Panama et près du terminus d'autobus. L'agresseur frappe surtout aux abords des abribus, lorsque ses victimes entrent et sortent d'un autobus. L'individu mesure environ 1m80 et a les cheveux courts. Il conduirait une voiture de couleur grise en mauvais état et ses crimes se sont produits entre 19h et minuit.

L'agresseur aurait fait preuve d'une extrême violence contre ses jeunes victimes de 15 à 28 ans. À trois reprises, l'agresseur a réussi à obtenir des faveurs sexuelles, notamment des fellations, à la pointe de son couteau. Trois autres victimes l'ont échappé belle, a raconté l'agent Martin Simard, de la police de Longueuil. «L'individu s'approchait par derrière, appliquait son couteau sous la gorge de sa victime en lui tirant les cheveux. Mais lorsque sa victime se débattait ou criait, l'agresseur se sauvait.»

Les sévices de l'agresseur ont semé un vent de panique chez les jeunes femmes interrogées hier, à commencer par les employées du Mail. L'une d'elles, Mélissa Martino, est l'amie et collègue d'une des victimes qui s'est fait agresser verbalement à la sortie de son travail. «Je la ramène maintenant à la maison tous les soirs et je ne veux pas qu'elle prenne l'autobus», a indiqué l'employée de 19 ans, qui incite ses collègues à regagner leur voiture deux par deux après le travail.

Jade Legault, autre employée du Mail, avoue aussi être craintive. «C'est sûr que j'ai un peu peur. Quand je rentre chez moi, je serre mon trousseau de clés dans ma main», a confié la jeune femme de 18 ans.

Le prédateur pourrait avoir quitté son territoire de chasse pour s'en prendre à une adolescente de 13 ans la semaine dernière, dans la municipalité voisine de Saint-Lambert. L'adolescente rentrait de l'école vers 17h quand un homme armé d'un couteau a agrippé ses cheveux en pleine rue. L'agresseur a déguerpi lorsque l'adolescente s'est mise à hurler. «L'hypothèse qu'il puisse s'agir du même individu est plausible, mais les enquêteurs ne sont pas en mesure de confirmer les liens entre les agressions de Brossard et celle de Saint-Lambert», a souligné l'agent Simard. La police de Longueuil a d'ailleurs rencontré 150 parents inquiets dans l'auditorium d'un collège de Saint-Lambert, mercredi, pour faire le point sur la situation et les rassurer.

Suicide d'un chauffeur d'autobus

La diffusion des images de l'agresseur a par ailleurs ravivé de douloureux souvenirs aux collègues d'un chauffeur d'autobus de Longueuil, qui s'est enlevé la vie en septembre en lien avec cette affaire.

L'homme de 44 ans était harcelé par des collègues qui estimaient qu'il ressemblait à l'individu représenté sur les portraits-robots de l'agresseur diffusés par la police. Ces taquineries de mauvais goût auraient contribué à pousser le chauffeur à se suicider. «La poussière commençait à retomber et ce gars (l'agresseur) refait surface...» a soupiré hier le président du syndicat des chauffeurs d'autobus du Réseau de transport de Longueuil, Michel Robidoux. Même s'il admet que certains membres ont manqué de jugement envers le conducteur, il refuse de jeter la pierre à quiconque. «Après l'incident, tout le monde pleurait. Ceux qui l'ont taquiné ont eu beaucoup de peine. On a invité tout le monde à être plus sensible aux autres», a souligné le chef syndical.

La police invite la population à lui transmettre toute information sur ce prédateur en composant le 450-463-7100, poste 2751.