Des parents se sont cogné le nez à des portes closes, jeudi soir, en allant récupérer leur fillette de deux ans à la garderie privée Les amis d'enfance, située dans l'arrondissement Mercier-Hochelaga-Maisonneuve.

Le problème, c'est que leur gamine était enfermée seule à l'intérieur de l'établissement, même si le personnel et les autres enfants avaient quitté autour de 18h.

Les policiers ont dû défoncer la porte pour rendre l'enfant à ses parents.

Au lendemain de l'incident, quelques parents d'enfants inscrits à la garderie ont accepté de réagir. La plupart ignorait ce qui s'était passé et n'avait que de bons mots pour cette nouvelle garderie, ouverte depuis l'été dernier.

«Je suis vraiment surpris, parce que c'est très inhabituel. Il y a toujours une personne après 18h. Ça m'étonne parce que je n'ai jamais eu de problème ici et le service est excellent», a souligné Abdelghani Rahim, venu reconduire sa fillette.

Il a refusé de condamner la garderie pour ce geste préoccupant. «Je dois entendre l'autre version, celle de la garderie», a ajouté M. Rahim.

Il n'a justement pas été possible d'obtenir cette autre version, puisque le personnel de la garderie a refusé de répondre à nos questions. «La directrice n'est pas là aujourd'hui et personne ne peut vous parler», a simplement résumé une voix au travers un intercom installé à côté de la porte.

La garderie Les amis d'enfance se trouve au deuxième étage d'un immeuble commercial, dans lequel il y a aussi un dépanneur, une compagnie de taxi et un commerce barricadé. «Places disponibles», peut-on lire sur une banderole suspendue devant la garderie.

Un couple s'est d'ailleurs présenté sur les lieux en matinée, à la recherche d'une place pour leur fillette de trois ans. L'incident de la veille semblait avoir freiné leur élan. «On habite juste à côté et on venait chercher des renseignements. On confie nos enfants, mais il faut savoir à qui. Oublier un enfant, c'est grave! Les employés ont un devoir de nous mettre en confiance, ils doivent être professionnels», a expliqué Bachir.

Dehors, la pluie s'est mise à tomber. Des cortèges d'enfants hauts comme trois pommes des deux garderies voisines déambulaient au même moment sur le trottoir, escortés par leurs éducatrices.

Joint au téléphone, le directeur-général de l'Association des garderies privées du Québec estime qu'une telle erreur est inacceptable, et qu'oublier un enfant entre les murs d'une garderie est la pire chose qui puisse arriver. Selon Jean-François Belleau, il faudra déterminer si l'incident relève d'un manque de compétence du personnel ou d'une erreur isolée.

Un scénario semblable s'était produit il y a un an dans une garderie en milieu familial de Châteauguay. Une éducatrice avait dû démissionner après avoir oublié un bambin seul dans la maison, alors qu'elle était allée faire des courses.

Pour l'heure, le Service de police de la Ville de Montréal a ouvert une enquête et rencontrera vendredi la directrice de l'établissement. «On verra ensuite s'il y a lieu de porter des accusations de négligence», a indiqué l'agent Raphaël Bergeron.