Un café italien de l'ouest de Montréal a été ravagé par un incendie criminel, jeudi à l'aube, un an jour pour jour après une première attaque au cocktail Molotov contre ce même établissement. Ce nouvel incident marquerait du coup - et de manière symbolique - l'anniversaire de la vague d'attentats au cocktail Molotov qui a ciblé une vingtaine de cafés de la métropole en un an.

Si les dégâts étaient mineurs il y a un an au café Solaris, les incendiaires n'ont cette fois pas raté leur coup. L'intérieur du bistro, situé en bordure du boulevard Décarie, dans le quartier Côte-des-Neiges, a été lourdement endommagé. L'intérieur était calciné et des éclats de verre jonchaient le bitume sur une longue distance.

Personne n'a été blessé dans le sinistre, malgré l'évacuation des locataires qui habitent les appartements au-dessus du café. Après avoir combattu les flammes, les pompiers ont remis le dossier à la Section des incendies criminels du Service de police de la Ville de Montréal.

Sur le trottoir à quelques mètres du bistro incendié, les trois associés qui exploitent l'établissement avaient le visage long, jeudi matin. «On n'a pas eu de menaces», a souligné l'un d'eux, avant de se faire tirer à l'écart par ses partenaires. «On n'a pas besoin de publicité», a tranché un autre associé.

Difficile donc de savoir pourquoi le café a été pris pour cible, mais surtout pour la seconde fois, un an jour pour jour après un premier attentat.

Quelques clients se sont présentés sur les lieux, consternés devant les ruines du café où ils ont leurs habitudes.

Le gérant d'un café voisin semblait tout aussi affecté par les événements. «C'est vraiment épeurant. Il y a des gens qui habitent en haut de nos cafés. Ça peut être très dangereux! a souligné l'homme, visiblement secoué. Il dit n'avoir lui-même fait l'objet d'aucune menace. «Je me suis fait briser quelques vitrines au fil des ans, mais sans plus», a-t-il souligné.

Vague d'attentats

Ce nouvel incident semble à première vue avoir un lien direct avec la vague d'attentats au cocktail Molotov contre les cafés italiens, qui a fait les manchettes au cours de la dernière année.

Le bistro Solaris est d'ailleurs le premier de la longue liste des cafés ciblés, qui s'étire «officiellement» de septembre 2009 à janvier 2010. D'autres incidents survenus depuis janvier sont peut-être passés sous le radar ou n'ont pas été reliés à la vague par la police. L'enquête sur cette vague d'incendies criminels avait fait un bond de géant en mai, avec l'arrestation de neuf individus liés aux gangs de rue par l'équipe multidisciplinaire mise en place à la division du crime organisé du SPVM.

Avant ces neuf arrestations, les attaques au cocktail Molotov connaissaient une accalmie, qui s'expliquait peut-être par le fait que cinq des prévenus épinglés dans cette frappe se trouvaient déjà derrière les barreaux.

Encore à ce jour, la police n'a toujours pas divulgué les mobiles de ces attaques et retient plusieurs hypothèses. Selon nos sources, la plus plausible évoque des tensions entre des clans italiens. Ces tensions ne risquent pas de se résorber avec l'assassinat, en décembre, de Nick Rizzuto, fils du présumé chef de la mafia montréalaise, Vito Rizzuto. C'est sans oublier la mystérieuse disparition en mai de Paolo Renda, consigliere de la mafia montréalaise et bras droit de Nicolo Rizzuto, et encore l'assassinat quelques semaines plus tard d'Agostino Cuntrera, désigné comme l'un des successeurs. Ces événements et les attaques contre les cafés illustreraient l'instabilité qui règne dans la mafia montréalaise. Les incendies dans les cafés pourraient être le fait de gangs de rue à la solde d'un clan italien.

Le travail des policiers est par ailleurs grandement compliqué par l'omerta qui règne chez les commerçants visés par les cocktails Molotov.

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Liste des attentats

24 janvier

Café-bar Sambuca, 9597, boul. Maurice-Duplessis

5 janvier

Café Côté Est, 2450, rue Charland

26 novembre

Café-bistro La Rosa, 3943, rue Fleury

24 novembre

Café-bar Ferrari, 8061, rue André-Ampère

23 novembre

Café Vegas, 2670, rue Jean-Talon

19 novembre

Café Crystele, 3719, rue Villeray

18 et 12 novembre

Café La Toca

2320, rue Henri-Bourassa Est

5 novembre

Café Aviano, 9185, boul. Saint-Michel

3 novembre

Café Chez Bobbi, 178, rue Jean-Talon

29 octobre

Café bistro Charland, 2347, rue Charland

28 octobre

Café Pirandello, 3280, boul. Robert

Bar Peaches, 8420, boul. Saint-Michel)

17 octobre

Bar Beaches, 8974, boul. Langelier

13 octobre

Café Buon Giorno, 5055, boul. Couture

Salles de réception Château classique, 6010, rue des Rivières

27 septembre

Café Baccio, 8760, boul. Gouin)

22 septembre

Bistro Solaris, 5484, boul. Décarie