La soirée d'hier et la nuit ont été mouvementées pour les pompiers montréalais. Ils ont combattu deux incendies aux origines suspectes en quelques heures dans deux quartiers différents.

Les deux événements n'ont aucun lien entre eux, sinon leur caractère nébuleux.

Le plus récent sinistre a éclaté dans un bâtiment résidentiel et commercial de trois étages situé dans le quartier Hochelaga-Maisonneuve, à l'angle des rues Sainte-Catherine et William-David. Une résidente de l'immeuble aurait aperçu des flammes s'échapper de l'arrière cette nuit un peu avant une heure. C'est elle qui a d'alerté les autorités.

Une vingtaine de locataires et de résidents du secteur ont été évacués, mais personne n'a été blessé ou incommodé par le brasier, qui a été maîtrisé vers 5h30. L'intérieur et l'avant de l'immeuble n'ont pas été trop endommagés par l'incendie, mais l'arrière du bâtiment a subi de lourds dégâts.

Les restes calcinés des balcons arrière gisaient dans la cour ce matin. L'endroit avait été isolé par des cordons policiers. L'eau utilisée pour éteindre le feu dégoulinait encore dans les ruines.

Puisque les causes du sinistre sont inconnues, la section des incendies criminels du Service de police de la Ville de Montréal devra mener l'enquête.

Le propriétaire du bar l'Escale au rez-de-chaussée et des logements aux étages supérieurs, Serge Gingras, semblait pencher en faveur de la thèse du règlement de comptes. «Hier, une personne, une junkie, m'a dit que l'immeuble était à la veille de sauter», a expliqué M. Gingras, qui dit n'avoir pas pris l'avertissement au sérieux. «Ça fait 47 ans que je travaille dans les bars, si j'avais pris au sérieux toutes les menaces à mon endroit, je serai mort 107 fois!», a lancé M. Gingras.

Selon lui, c'est un logement et non son bar -à son avis paisible et sans histoire- qui aurait été visé. M. Gingras a d'ailleurs des problèmes avec les locataires d'un des appartements, où le va-et-vient serait incessant. «Je passe mon temps à appeler la police, ça me fait suer! Heureusement, il n'y a pas eu de blessé», a soupiré le propriétaire.

Les autorités estiment qu'il faudra beaucoup de temps avant que les sinistrés puissent réintégrer leur domicile. Un autobus de la Croix-Rouge était d'ailleurs garé en bordure de la rue Sainte-Catherine pour les prendre en charge. De l'autre côté de la rue, un préposé au stationnement s'attirait les foudres des employés d'une compagnie de barricadage dépêchée sur place, après avoir glissé des contraventions sous les essuie-glaces de leurs véhicules.

ST : Centre-ville

L'autre incendie a éclaté vers 19h15 dans l'entretoit d'un immeuble abandonné du boulevard Saint-Laurent, entre la rue Sainte-Catherine et le boulevard René-Lévesque. Le feu a pris naissance au-dessus d'une ancienne maison de chambres condamnée et a entraîné le déclenchement d'une alerte générale. Au total, une centaine de pompiers et 25 véhicules du Service incendie ont pris part à l'opération. Un pompier s'est légèrement blessé aux côtes en combattant les flammes.

Rencontré sur les lieux, le gestionnaire de l'immeuble a raconté que des gens faisaient souvent la fête sur le toit. Ces derniers pourraient être à l'origine du feu. Plusieurs indices démontrent d'ailleurs que des squatteurs ont élu domicile dans la cage d'escalier menant au toit de l'immeuble en question, accessible par la rue Clark. Des seringues, des éclats de bouteilles de bière, des sachets de préservatif et des mégots jonchaient le sol, près des pièces de carton étalés au sol.

Du côté du boulevard Saint-Laurent, plusieurs immeubles mitoyens sont présentement barricadés et donnent à une partie de l'artère commerciale des airs de ville fantôme. La Société de développement Angus a acquis l'immeuble au début de 2009 pour construire le Quadrilatère Saint-Laurent. Les nouveaux bureaux d'Hydro-Québec devraient être emménagés à cet endroit en 2012.

- Avec La Presse Canadienne