Un incendie d'origine criminelle a ravagé hier soir un «crackouse» du quartier Chomedey, qui faisait vivre l'enfer au voisinage depuis plusieurs années.

Au cours des derniers mois, la vente de crack et la prostitution a aussi forcé plusieurs interventions de la police lavalloise dans un autre logement de ce quartier chaud.

L'incendie d'hier s'est déclaré dans un bâtiment un peu glauque de la 75e avenue. Une odeur de calciné flottait toujours dans l'air ce matin. Des débris de toutes sortes et vêtements en friche jonchaient le sol, épars, devant l'immeuble. À travers les vitres fracassées, on pouvait apercevoir la pièce complètement noircie où le feu a pris naissance. Des enquêteurs étaient sur place pour déterminer les circonstances du brasier, qui aurait été allumé intentionnellement sur un matelas du demi sous-sol, où se trouvait vraisemblablement le «crackhouse». L'appartement du 1er étage était vide et celui du haut était occupé par une dame âgée et son fils. Heureusement, personne n'a été blessé.

Drogue, prostitution, violence: les voisins, exaspérés, confirment en avoir bavé depuis quelques années avec le logement inférieur.

À commencer par ce résident du secteur, qui raconte avoir été frappé à coup de barre de fer dimanche dernier par un des junkies de l'endroit. «Je revenais chez moi avec les enfants et l'épicerie. Le monsieur s'est approché de moi, a exigé mon argent, avant de me frapper avec une barre de fer», explique ce voisin, qui habite avec sa famille. «Hier soir, lors de l'incendie, le gars qui m'a agressé était sur place avec la police», ajoute-t-il.

Selon la police de Laval, personne n'a encore été arrêté relativement à cette affaire.

Après avoir tourné le dos à l'instabilité de son pays d'origine, la Colombie, pour des raisons de sécurité, le voisin déplore ne pas avoir trouvé la quiétude depuis son arrivée au pays il y a un an. «Tout le monde nous avait pourtant dit que Laval est plus sécuritaire que Montréal», souligne sa conjointe, qui lance un appel à la mobilisation entre voisins pour barrer la route aux indésirables dans les quartiers. «On aimerait déménager, mais on se demande qui voudrait louer ici», ajoute la femme.

«On est vraiment tanné!», soupire cet autre voisin, qui habite le quartier depuis toujours. «Depuis deux ans, c'est une piquerie. On a déjà entendu des coups de feu et les prostituées y défilent toute la nuit», énumère-t-il, d'un ton résigné.

Selon lui, les deux locataires de l'appartement impliqué font partie de la même bande qui opère l'autre «crackouse» visité à plusieurs reprises par les policiers à quelques rues de là. «C'est la même gang et elle se déplace d'un endroit à l'autre», dénonce le voisin, qui a alerté les autorités après avoir aperçu de la fumée s'échapper du logement.

Ce voisin salue le travail des policiers lavallois, qui ont resserré l'étau autour du quartier ces derniers mois. «Ils sont plus visibles et font du bon travail, chapeau!», lance-t-il.

De son côté, la police de Laval ne confirme aucun lien entre les deux «crackhouses» du secteur.

Boulevard Lévesque

Les policiers lavallois avaient en effet mené des rafles dans un «crackhouse» du boulevard Lévesque en janvier et mars dernier, sans compter une double-tentative de meurtre survenue à la même adresse au début de l'année.

«Il s'agit d'un endroit de haut intérêt pour le service de police de Laval», avait alors affirmé le sergent François Dumais.

La vente de crack et la prostitution y étaient omniprésentes entre les murs du bâtiment.

Moins d'un mois après l'interpellation de six personnes pour de la consommation et de la vente de stupéfiants - des drogues dures comme du crack et de la cocaïne- le même manège avait repris dans l'immeuble.

Sous le couvert de l'anonymat, les voisins déploraient retrouver régulièrement des condoms et des seringues dans leur cour.