Au cours de leur deuxième journée de plaidoirie, mardi, les avocats d'Adèle Sorella se sont affairés à démontrer que le jour où ses fillettes ont été retrouvées mortes, tous ceux qui l'ont vue l'ont jugée «absente», «comme dans un coma», et même «hors de la réalité». «Elle a rencontré son point de rupture», a plaidé l'un de ses avocats.

Ces divers témoignages serviront vraisemblablement à appuyer les arguments de la défense sur l'état mental de Mme Sorella le 31 mars 2009.

D'ailleurs, selon Gilles Chamberland, un expert psychiatre retenu par la défense et qui a témoigné, Adèle Sorella aurait vraisemblablement eu un épisode de dissociation le jour où les enfants ont été retrouvées mortes. Ses avocats ont aussi évoqué en cour l'article 16 du Code criminel qui permet de plaider la non-responsabilité criminelle pour cause de troubles mentaux.

Mme Sorella a été accusée du meurtre d'Amanda, neuf ans, et Sabrina, huit ans.

Elles ont été retrouvées mortes en fin d'après-midi le 31 mars 2009 au domicile familial, dans leur salle de jeu, sans trace de violence. La cause de leur décès n'a pas été déterminée.

Mme Sorella a été retrouvée des heures plus tard, au milieu de la nuit, après qu'elle eut percuté un poteau avec sa voiture et se fut retrouvée dans le fossé en bordure de route.

La première personne qui lui a prêté assistance après l'accident a déclaré qu'«elle semblait sur une autre planète» et «dans le coma», a fait valoir Me Pierre Poupart.

La policière Julie Boulay, arrivée sur les lieux après l'appel d'urgence, a rapporté que l'accusée semblait «absente» et qu'elle avait un comportement inhabituel dans les circonstances.

Le sergent-détective Patrick Allaire a affirmé qu'elle n'a eu aucune réaction lorsqu'il l'a mise en état d'arrestation pour le meurtre de ses enfants, a fait valoir devant le jury Me Poupart. Elle avait le regard vide, a-t-il rapporté, et «hors de la réalité». Elle lui a répété que ses enfants étaient à la maison et lui a suggéré d'appeler pour vérifier.

«Ça fait pas mal de gens ébranlés par ce à quoi ils assistent», a lancé l'avocat.

Transférée à l'hôpital, elle a été considérée comme une priorité pour une évaluation psychiatrique, a-t-il rapporté.

Elle a alors persisté à dire que les enfants allaient bien.

«On a tous un point de rupture, a insisté son procureur. Cette femme a rencontré son point de rupture, qu'elle ait tué ou non ses enfants.»

Scène de crime

Plus tôt mardi, l'équipe de défense de l'accusée a aussi fait ressortir de la preuve certains faits qui viennent appuyer sa théorie, selon elle, notamment l'examen de la chambre hyperbare portative qui ne présentait aucune trace de sang. Il y avait aussi une absence d'ADN et de substances biologiques à l'intérieur.

Quelques cheveux ont été retrouvés sur le dessus de la chambre hyperbare, mais après la saisie et le transport de celle-ci dans un autre lieu, souligne Me Poupart, ce qui ne vient pas appuyer, a-t-il soutenu, la présence des enfants dans la chambre le 31 mars 2009.

Cette chambre hyperbare est pointée du doigt par la Couronne - témoignage d'une pathologiste judiciaire à l'appui - comme la source possible d'une mort par suffocation des fillettes. Cet endroit hermétique permet l'utilisation médicale de l'oxygène à une pression supérieure à la pression atmosphérique. Cet équipement - qui mesure environ huit pieds de long par trois de haut et trois de large - était présent dans la demeure familiale pour traiter l'arthrite juvénile de Sabrina.

Mardi, Me Poupart a fait valoir les conclusions de Jean Brazeau, expert en chimie du Laboratoire de sciences judiciaires et légales. Selon lui, si les deux fillettes s'étaient trouvées ensemble dans cet appareil fermé hermétiquement, mais non branché, elles auraient mis environ une heure et demie pour mourir, a rappelé l'avocat.

Séparément, cela aurait été plus long, a-t-il ajouté.

«Ça fait long longtemps à ne pas réagir», a-t-il lancé à l'intention du jury, soulignant que les fillettes n'étaient pas intoxiquées.

La plaidoirie de la défense se poursuit mardi après-midi.