Les souffrances des malades atteints d'alzheimer et le « meurtre par compassion » étaient au coeur des discussions, lundi, lors de la sélection du jury pour le procès de Michel Cadotte, accusé d'avoir tué sa femme atteinte de cette maladie en février 2017.

Plusieurs candidats jurés ont fait valoir qu'ils ne pouvaient siéger au jury de façon impartiale parce qu'ils avaient vu des membres de leur famille dépérir à cause de l'alzheimer. Certains ont même affirmé qu'ils comprenaient le geste que l'accusé aurait commis, et qu'ils ne pourraient le condamner.

« Je trouve outrageux que M. Cadotte soit accusé », a dit l'un des candidats jurés, qui demandait une exemption, dans une salle du palais de justice de Montréal. « Ma grand-mère a souffert d'alzheimer, ma mère commence aussi à être affectée. C'est possible que j'aie à faire la même chose que lui éventuellement. »

OPINIONS OU IDÉES PRÉCONÇUES

La juge Hélène Di Salvo, qui préside le procès, a questionné chaque candidat juré afin de savoir s'il avait des opinions ou des idées préconçues sur la maladie d'Alzheimer, l'aide médicale à mourir et le « meurtre par compassion », des sujets qui seront discutés pendant le procès et que les médias ont soulevés dans leurs reportages sur cette affaire.

Le but était de trouver des personnes qui sauraient mettre leurs opinions de côté pour rendre une décision basée sur les faits qui seront présentés pendant le procès, a expliqué la magistrate.

Une candidate jurée a dit qu'elle comprenait le geste qu'aurait commis Michel Cadotte à l'endroit de sa conjointe. 

« Il l'a fait par compassion, pour qu'elle ne souffre plus. J'ai vu ma grand-mère souffrir de l'alzheimer, je l'ai vue partir, et c'est horrible vers la fin. » - Une candidate jurée

Dès le début du processus, des candidats ont demandé à la juge Di Salvo d'être exemptés de participer au procès pour de telles raisons.

« Ma mère avait l'alzheimer », a fait valoir une autre candidate. « Ils l'ont piquée jusqu'à ce qu'elle meure, parce qu'elle n'avait plus de qualité de vie, et je n'ai pas eu le choix de dire oui. Je n'ai pas le goût de condamner quelqu'un d'autre pour cette raison-là. »

Cette dame a été exemptée de siéger au jury, tout comme un autre candidat, qui a expliqué à la juge Di Salvo que sa mère, malade, s'était suicidée après lui avoir demandé de l'aider à commettre ce geste.

« Mon grand-père souffre d'alzheimer depuis plusieurs années et je me demande pourquoi on le garde en vie », a affirmé un candidat.

Un homme âgé a souligné que n'importe qui a le droit de se donner la mort, si c'est son désir. « Mais si je devenais inapte, je ne pourrais plus exercer mon droit », a-t-il fait remarquer.

12 MEMBRES DU JURY CHOISIS

Les personnes appelées à siéger comme jurés peuvent demander, dès la première étape du processus, d'être exemptées en raison d'empêchements importants, comme un voyage déjà planifié, des obligations familiales, des problèmes de santé ou un impact majeur sur leur revenu ou leur travail.

Ceux qui ne peuvent invoquer de telles raisons sont ensuite convoqués et questionnés afin que l'on puisse s'assurer de leur impartialité.

En fin de journée, 12 membres du jury (huit hommes et quatre femmes), en plus de deux substituts, avaient été choisis pour examiner les accusations à l'encontre de Michel Cadotte pendant le procès qui s'ouvre ce matin et qui devrait durer six semaines.

Michel Cadotte, 57 ans, a plaidé non coupable aux accusations de meurtre non prémédité de sa femme, Jocelyne Lizotte, qui avait 60 ans lors de sa mort dans un CHSLD du secteur Centre-Sud.