Du pénitencier de Donnacona, où il purge depuis 10 mois une peine de 12 ans pour trafic de cocaïne, le trafiquant notoire Jeffrey Colegrove, autrefois lié au Gang de l'Ouest, aurait repris du service et dirigé un petit réseau de distribution de cocaïne et de méthamphétamine qui aurait approvisionné des organisations des provinces maritimes.

La Presse a appris que, le 14 novembre dernier, la soeur de Colegrove, Sherrie Jean Colegrove, 50 ans, de Howick, et un autre individu, Steven Sarti, 33 ans, de Candiac, ont comparu au palais de justice de Montréal. Ils devaient être de nouveau accusés de complot pour trafic de cocaïne, fentanyl, cannabis et méthamphétamine dans les jours suivants dans la région de Halifax, en Nouvelle-Écosse. Les noms de Jeffrey Colegrove, 52 ans, et d'un certain Phillip Maurice Hickey, de Halifax, figurent également sur la dénonciation en tant qu'accusés. Selon le document, les actes reprochés auraient été commis entre la fin mars et la mi-novembre.

AVEC LE TÉLÉPHONE DU PÉNITENCIER

D'après nos informations, ce sont les enquêteurs de la division du crime organisé de la Gendarmerie royale du Canada à Halifax qui ont lancé l'enquête, après avoir ciblé deux individus qui trafiquaient des stupéfiants sur leur territoire.

Les limiers ont constaté que les suspects avaient des liens avec des individus de Montréal et que la drogue arrivait de cette région, et ils ont demandé à leurs collègues de l'Unité mixte d'enquête sur le crime organisé (UMECO) de la Division C du Québec de se joindre à l'enquête.

Les enquêteurs ont alors ciblé Jeffrey Colegrove. Selon nos informations, ce dernier aurait utilisé un téléphone de son pavillon du pénitencier Donnacona pour appeler sa soeur qui, par la suite, aurait mis son frère en contact avec des tierces personnes lors de conversations à trois.

Les policiers auraient arrêté les suspects lorsqu'ils se seraient rendu compte que ceux-ci auraient comploté pour s'en prendre à un autre individu pour une affaire de dette impayée.

Lors des perquisitions, les enquêteurs auraient mis la main sur des armes, certaines automatiques, et plusieurs milliers de comprimés affichant le mot ICE.

« CRIMINEL DE CARRIÈRE »

Depuis qu'il a 20 ans, Colegrove a été condamné à une trentaine de reprises, dont plusieurs fois pour des affaires de stupéfiants. C'est pour la possession d'un seul kilo de cocaïne qu'il a reçu une peine de 12 ans l'an dernier et, visiblement, ses nombreux antécédents ont joué contre lui.

« Un criminel de carrière spécialisé dans le trafic de narcotiques », avait dit le juge James L. Brunton, de la Cour supérieure, en le condamnant à cette lourde peine. C'est par hasard que les enquêteurs des stupéfiants de la région Ouest du Service de police de la Ville de Montréal l'avaient arrêté, en enquêtant sur des motards.

Colegrove a été considéré par les polices canadienne et américaine comme un important exportateur de marijuana vers les États-Unis. Il aurait eu des liens avec Mihale Leventis et Shane Kenneth Maloney, deux individus qui auraient fait partie d'un consortium de six individus qui aurait tenté de s'arroger le monopole de la distribution de cocaïne au Canada. Ce consortium a été démantelé par la Sûreté du Québec en novembre 2012.

Colegrove aurait également été le patron d'Elizabeth Barrer, alias Nicki, une fugitive américaine dont le nom a déjà figuré sur la liste des criminels les plus recherchés aux États-Unis et qui a été tuée à Montréal en 2014.

Pour joindre Daniel Renaud, composez le 514 285-7000, poste 4918, écrivez à drenaud@lapresse.ca ou écrivez à l'adresse postale de La Presse.