Accusé de pratique illégale de la médecine, un révérend de l'Estrie a invoqué le secret de la confession pour se soustraire à son procès. Il a essuyé un nouveau revers, hier, alors que la Cour suprême a refusé d'entendre sa cause.

En 2016, le Collège des médecins du Québec a déposé 28 accusations de pratique illégale de la médecine contre le révérend de l'Église spirituelle Inter-foi de North Hatley Jean-François Labrie.

L'ordre professionnel des médecins lui reproche d'avoir diagnostiqué des maladies, déterminé un traitement médical, prescrit des médicaments et agi de manière à donner lieu de croire qu'il était autorisé à exercer la médecine.

M. Labrie, qui affirme avoir un don de guérisseur, prétend opérer ses patients à mains nues, sans anesthésie et sans laisser de cicatrices, a révélé l'émission La facture dès 2015, soit un an avant que des accusations soient déposées contre lui.

Un collaborateur de l'émission de Radio-Canada s'était alors fait passer pour un patient et avait filmé la consultation avec une caméra cachée. Le révérend Labrie avait fait mine d'ouvrir la paroi abdominale du faux patient.

Au début de son procès en novembre 2017, l'accusé a déposé deux requêtes en arrêt des procédures, alléguant qu'il était tenu de respecter le « secret sacramentel confessionnel » et qu'il ne pouvait donc pas se défendre de manière juste et équitable.

IMPOSITION DES MAINS

Sa requête a été rejetée à l'époque par le juge du procès. Le magistrat a conclu qu'il n'y avait pas de relation spirituelle entre Labrie et les gens qui venaient le consulter puisque ces derniers ne venaient pas le voir pour se confesser, mais plutôt pour recevoir des soins. La Cour d'appel du Québec a maintenu la décision du juge de première instance.

« Il y a des soirées d'imposition des mains à l'oratoire Saint-Joseph. Les gens demandent une guérison spirituelle en espérant une guérison physique. C'est en plein ce que fait Jean-François Labrie. Nous invitons des gens de toutes les religions à se lever et à venir témoigner de ce qu'ils font pour appuyer mon client. Ils doivent venir dire qu'ils pratiquent ce rituel d'imposition de mains pour la guérison spirituelle », a dit pour sa part son avocat, Me Robert Brunet, selon ce que rapportait La Tribune de Sherbrooke en mars dernier, alors que l'accusé venait de subir un revers devant la Cour d'appel du Québec.

L'accusé s'est ensuite tourné vers la Cour suprême, qui vient de refuser d'entendre sa cause. Ainsi, son procès reprendra le 21 décembre prochain au palais de justice de Sherbrooke.

Sur son site internet, l'Église Inter-foi dit s'inspirer des églises « Interfaith » qui ont vu le jour aux États-Unis dans les années 40 alors que « les gens ont eu un besoin de s'unir ensemble, bien qu'ils soient de religions différentes ».