Le meurtrier Richard Henry Bain, emprisonné à vie pour avoir tué un homme au Metropolis le soir de la victoire du Parti québécois, en 2012, a demandé ce matin à la Cour d'appel le droit de demander une libération conditionnelle deux fois plus tôt que prévu.

Mais la Couronne demande de son côté qu'il reste plus longtemps derrière les barreaux avant de pouvoir demander d'être libéré sous conditions.

Son avocat, Me Alan Guttman, a demandé aux cinq juges de la cour d'appel de permettre à l'homme de 68 ans, reconnu coupable de meurtre au second degré en 2016, de demander sa libération après 10 ans, plutôt que 20, comme le prévoit sa sentence.

Bain a reçu cette peine « disproportionnée », selon Me Guttman, parce que le juge de première instance « s'est concentré sur la nature politique de son crime. Mais il avait 62 ans au moment des faits, aucun casier judiciaire, il avait travaillé toute sa vie et était un actif pour la société. Malheureusement, il lui est arrivé quelque chose, il a eu des problèmes mentaux. Mais maintenant il n'est plus un danger pour la société. »  

Richard Henry Bain voulait s'en prendre à Pauline Marois quand il s'est présenté à la salle du centre-ville de Montréal où, nouvellement élue première ministre, elle s'adressait à ses partisans en liesse.

Devant la porte arrière du Metropolis, Bain a tiré un coup de feu avec son fusil de chasse, atteignant mortellement le technicien Denis Blanchette, avant que son arme s'enraye. Un autre technicien, Dave Courage, a été blessé gravement.

Bain avait aussi des bidons d'essence avec lui et a crié que « les Anglais se réveillent », au moment de son arrestation.

L'avocate de la Couronne, Me Maude Payette, a de son côté martelé qu'il avait commis « l'un des pires crimes de l'histoire de notre pays ». « Il a tiré sur une foule à l'extérieur d'un rassemblement politique, a tué une personne et tenté de commettre une tuerie de masse à caractère politique », a-t-elle plaidé.

Elle demande que Richard Henry Bain ne puisse pas demander de libération conditionnelle avant 25 ans, le maximum en cas de meurtre au second degré.

Âgé et bipolaire

Cinq juges de la cour d'appel se pencheront sur la question. Ils ont souligné à plusieurs reprises, en questionnant l'avocate de la Couronne, que l'homme aura 86 ans s'il demande sa libération conditionnelle après 20 ans, se demandant pourquoi il devrait plutôt attendre à 91 ans.

Ils ont aussi fait valoir que la sentence devait tenir compte des chances de réhabilitation de l'accusé.

L'avocat de Bain a affirmé, en entrevue après sa plaidoirie, qu'il avait eu un diagnostic de bipolarité depuis qu'il se trouve en prison. « Le médecin qui a témoigné à son procès pensait qu'il était dépressif, alors il lui donnait les mauvais médicaments, a dit Me Guttman. Maintenant, il est sous médication et il est très calme, alors qu'il était incontrôlable avant, quand je le rencontrais. »

Le cas du caporal Denis Lortie, auteur de la tuerie de l'Assemblée nationale, qui avait fait trois morts et 13 blessés en 1984, a aussi été évoqué pendant les plaidoiries. À l'issue de son deuxième procès, Lortie avait été reconnu coupable de meurtre au second degré, écopant d'une peine de prison à vie sans possibilité de libération conditionnelle avant 10 ans.

« Je ne vois pas de différence entre les histoires de Lortie et de Bain », a souligné Me Guttman.