« La première chose que j'ai entendue, c'est : "Don't panic". J'étais couchée à côté de mon mari. Le type était au pied du lit. Je lui ai demandé ce qu'il voulait. Il a dit : "Bijoux, money". Il nous a arraché les draps. Jacques s'est levé debout, et le type a tiré un coup de feu. Jacques lui a dit : "Mon cr... de tab... tu vas sortir d'ici !" Il a fait un pas, et c'est là qu'il y a eu le deuxième coup de feu. Jacques est tombé sur la télévision, et tout est tombé par terre. »

Pauline Sarrazin, 76 ans, a relaté la frayeur qu'elle a vécue pendant la nuit du 20 juillet 2006 dans sa maison de Sainte-Dorothée, à Laval, quand un voleur a fait irruption dans sa chambre à coucher et a abattu sous ses yeux son mari, Jacques Senecal, un artiste peintre alors âgé de 62 ans.

La veuve témoignait hier au procès de Septimus Neverson, accusé du meurtre au premier degré de son mari, sur qui pèsent aussi une cinquantaine de chefs d'accusation liés à trois tentatives de meurtre, quatre enlèvements et plusieurs vols qualifiés survenus entre 2006 et 2009 dans la région de Montréal.

Après avoir tiré sur son mari, le cambrioleur, qui braquait une lampe de poche en direction de Pauline Sarrazin en même temps que son arme, l'a agrippée par le bras en répétant « money, bijoux ! » Il l'a forcée à entrer dans son walk-in pour qu'elle lui indique où se trouvaient ses bijoux.

Elle a fini par lui donner l'argent qui se trouvait dans son portefeuille et un collier qu'elle portait, tandis que le voleur lui arrachait ses bracelets.

En sortant de la chambre, l'homme lui a assené un coup de poing en plein visage pour l'empêcher de le suivre, et Mme Sarrazin s'est effondrée au sol, perdant connaissance quelques instants.

En revenant à elle, elle a tenté d'appeler les secours, mais les téléphones de la maison avaient été mis hors d'usage. Elle a alors réussi à sortir pour se réfugier chez des voisins.

LE FILS ATTACHÉ

Pendant ce temps, dans la chambre voisine, le fils de Jacques Senecal, Stéphane, alors âgé de 26 ans, tentait aussi de sonner l'alarme.

Le malfaiteur, qui l'a surpris dans son sommeil, à plat ventre sur son lit, lui avait attaché les mains derrière le dos avec des attaches autobloquantes (tie wrap), avant de se diriger vers la chambre des parents.

Dans cette position difficile, Stéphane Senecal tentait de composer le 9-1-1 sur son cellulaire quand il a entendu les coups de feu retentir. Il a réussi à joindre les services d'urgence et est resté en ligne avec un préposé jusqu'à l'arrivée des policiers.

« Ensuite, je suis entré dans la chambre de mon père en disant "Jacques, Jacques". J'ai réussi à ouvrir la lumière avec mon nez, et c'est là que j'ai vu mon père qui gisait dans une mare de sang », a raconté le fils de la victime.

Des policiers de Laval ont aussi été appelés à la barre des témoins hier. Dans le cadre de leurs témoignages, des photos de la scène du crime ont été présentées à la cour, montrant la large flaque de sang laissée au pied du lit de Jacques Senecal à la suite de cette nuit fatale.

L'accusé, Septimus Neverson, 56 ans, est resté impassible en écoutant ces témoignages dans la salle d'audience. Originaire de Trinité-et-Tobago, il a été extradé en 2016 pour faire face à la justice québécoise.

Il en est à sa quatrième semaine de procès. Il y a 10 jours, des témoins ont raconté comment l'accusé aurait pris en otage un enfant de 10 ans en lui braquant un pistolet sur la tempe pour s'enfuir de la police à la suite d'un braquage de domicile survenu en 2009 dans le quartier Côte-des-Neiges.

Photo La Presse

Jacques Senecal est mort le 20 juillet 2006 lors d'un vol dans sa maison de Sainte-Dorothée, à Laval.

Photo archives La Presse

Septimus Neverson