Frank Dike est passé littéralement à deux doigts de la mort en juillet 2006. «Je vais te tuer maintenant», a lancé son assaillant, un revolver braqué sur sa tempe. Mais au moment ultime, le père de famille a réussi à dévier le canon avec sa main. La balle a alors traversé entre son pouce et son index. «J'ai encore une cicatrice», a-t-il montré au juge lundi.

Cette tentative de meurtre est l'un des nombreux crimes violents pour lesquels Septimus Neverson est jugé depuis lundi au palais de justice de Montréal. Cinquante-quatre chefs d'accusation pèsent contre lui: trois tentatives de meurtre, quatre enlèvements, des introductions par effraction, des vols qualifiés avec une arme à feu et finalement, le meurtre au premier degré de l'artiste peintre Jacques Sénécal à Laval en 2006.

Considéré comme étant extrêmement dangereux par les policiers, Septimus Neverson a fui la justice pendant une décennie avant d'être arrêté à Trinité-et-Tobago il y a deux ans. L'homme de 56 ans avait pourtant été expulsé du Canada en 2000 à sa sortie de prison pour un homicide involontaire. Il aurait ainsi réussi à revenir à Montréal sous une fausse identité.

«J'avais peur pour ma vie»

Le premier jour du procès lundi s'est toutefois concentré sur la tentative de meurtre visant Frank Dike le 16 juillet 2006. Ce soir-là, le résidant de Verdun rentre chez lui en fin de soirée. Mais quelque chose cloche. Son air conditionné est sur le sofa et sa conjointe ne répond pas. Au sous-sol, un homme masqué apparaît à 10 pi de lui et pointe un revolver dans sa direction en le sommant de ne pas bouger.

«J'avais peur pour ma vie», confie Frank Dike. Le père de famille prend la fuite, mais le cambrioleur en quête d'argent le suit jusqu'au garage. «Je lui dis: qu'est-ce que tu veux? Il n'y a rien ici. Il continue d'avancer avec l'arme pointée dans ma direction. Quand il est arrivé assez près de moi, j'ai repoussé l'arme, j'ai ouvert la porte du garage et je suis parti», raconte le témoin.

Mais sa fuite est de courte durée. L'assaillant masqué braque son arme à feu sur la tête de Frank Dike et appuie sur la détente. «Heureusement, j'ai repoussé l'arme sur ma tête avec ma main et la balle est passée à travers entre l'index et le pouce», décrit le témoin. Frank Dike trébuche ensuite sur une pierre dans son entrée de stationnement, puis est atteint au bas du dos par le tireur. Cette balle frôle sa colonne vertébrale. Incapable d'utiliser sa jambe gauche, il réussit à se réfugier dans un restaurant de peine et de misère.

Un accent connu

Frank Dike n'a jamais vu le visage de son assaillant. Néanmoins, il a expliqué au juge Guy Cournoyer que le tireur était un homme noir à l'accent trinidadien. Sa conjointe de l'époque était elle-même originaire de Trinité-et-Tobago, a-t-il fait valoir pour expliquer sa reconnaissance de cet accent. Il a aussi affirmé avoir vu la couleur de la peau de son assaillant en repoussant son arme dans le garage.

Second témoin de la Couronne, Debora Chalabi a raconté lundi avoir été réveillée par un homme noir masqué armé d'un revolver le 4 mai 2006 à Montréal. Son mari a été forcé de retirer de l'argent du guichet automatique, alors qu'elle restait dans la voiture, une arme à feu braquée sur elle.

Me Louis Bouthillier et MCatherine Perreault représentent le Ministère public, alors que Me David Petranic et Me Sabrina Lapolla défendent Septimus Neverson. Le procès se poursuit mardi matin.