Un jeune homme au caractère impulsif et violent, accablé depuis l'enfance par un trouble du déficit de l'attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) et traumatisé par l'abandon de sa mère. Jonathan Mahautière a raconté au jury les zones d'ombre de sa vie, hier, pour tenter de le convaincre qu'il n'a pas eu l'intention de tuer son ex-copine Gabrielle Dufresne-Élie en l'étranglant dans un motel de Montréal en 2014.

L'homme de 22 ans accusé de meurtre non prémédité s'est ouvert sur son enfance tumultueuse et ses problèmes de comportement, avant d'aborder sa relation amoureuse avec la victime. « Son impulsivité, son agressivité marquée fait qu'il perd le contrôle lors des facteurs de stress », a expliqué son avocate Me Marie-Hélène Giroux dans sa déclaration d'ouverture.

Dès son jeune âge, Jonathan Mahautière mord les autres enfants. Suivi par un psychiatre dès 5 ans, il se fait diagnostiquer un TDAH. À 12 ans, son niveau scolaire équivaut à une quatrième année du primaire. « J'avais énormément de la misère à me concentrer en classe », témoigne-t-il. Il se fait souvent renvoyer de l'école parce qu'il se bat avec des élèves. Il frappe même son père à l'adolescence.

Mais le début de sa relation avec Gabrielle Dufresne-Élie en décembre 2011 est « parfait », se souvient Jonathan Mahautière. Les adolescents de 15 ans se voient une fois par semaine le samedi pour faire du lèche-vitrine et se promener au centre-ville. Dès l'été 2012, ils se rendent au motel Chablis pour avoir des moments intimes. C'est là que Jonathan Mahautière a tué l'adolescente de 17 ans, le 7 juin 2014.

Leur relation s'envenime toutefois au fil des mois. Le couple se sépare à quelques reprises, dont une fois lorsque le jeune homme apprend que sa copine s'est fait avorter à son insu en 2012. « J'étais déstabilisé », dit-il. Ce moment lui rappelait trop un traumatisme d'enfance, lorsque sa mère lui avait dit regretter de ne pas l'avoir « écrasé de son ventre ».

« Après un an de relation, je voyais que j'étais vraiment immature, je pouvais être trop sentimental, j'avais de la misère à gérer mes sentiments », analyse-t-il.

Ses difficultés à l'école et à la maison l'angoissent au début de 2014. À bientôt 18 ans, il n'est qu'en première secondaire. Il craint aussi de devoir « vivre dans la rue » dans les prochains mois. Sa relation avec Gabrielle vivote également. Ainsi, Jonathan Mahautière commence à fréquenter une adolescente à l'insu de sa copine. Il promet à sa nouvelle fréquentation de quitter Gabrielle, le 7 juin 2014, avant de se rendre chez elle vers minuit.

« C'était prévu qu'on se quitterait en bons termes », explique l'accusé. Les deux jeunes vont au cinéma ce jour-là, puis se rendent chez une thérapeute de couple. Au début de la rencontre, l'adolescente annonce « qu'elle veut mettre un terme à la relation », relate Jonathan Mahautière. Selon lui, Gabrielle voulait « vraiment [l]'aider ». Il entend alors travailler sur lui-même pour lui dire un jour qu'il n'est « plus la personne qu'elle a quittée », raconte-t-il.

Même s'ils viennent de rompre, les deux jeunes se rendent au motel Chablis vers 19 h pour boire une bouteille d'alcool apportée par Jonathan Mahautière. C'est sur cette note que l'accusé a conclu hier son témoignage qui se poursuivra lundi.

Photo tirée de Facebook

Gabrielle Dufresne-Elie