« J'ai fait quelque chose... j'ai fait quelque chose [et] je vais avoir la prison à vie », a lancé Jonathan Mahautière au répartiteur du 911 peu de temps après avoir étranglé sa petite amie de 17 ans. Néanmoins, pendant une demi-heure, le jeune homme n'a pas soufflé un mot sur l'état de santé de sa victime et semblait surtout préoccupé par la confidentialité de son appel et la médiatisation de son crime.

La Couronne a présenté au jury l'appel au 911 de Jonathan Mahautière mardi matin au second jour de son procès pour le meurtre non prémédité de Gabrielle Dufresne-Élie, tuée de ses mains, le 7 juin 2014, dans une chambre d'un motel de la rue Sherbrooke à Montréal.

Jamais au cours de l'appel d'environ 30 minutes, Jonathan Mahautière n'a dévoilé la raison précise de son appel au 911, malgré les multiples tentatives du répartiteur. « J'ai fait quelque chose... Je ferais mieux de le dire aux policiers », martèle-t-il.

Au bout de quelques minutes, le jeune homme alors âgé de 18 ans a dévoilé à l'employé du 911 qu'une femme avait besoin d'aide dans une chambre du motel Chablis. Pas question toutefois d'en dire plus sur l'état de santé de la femme ou sur son geste « hors de [ses] valeurs ». Il a toutefois demandé plusieurs fois d'obtenir une bouteille d'eau et qu'on ne soit pas « brusque » avec lui.

Environ 30 minutes s'écouleront finalement avant l'arrivée des policiers sur les lieux. « C'est la F1, les policiers sont partout, on a beaucoup beaucoup d'appels », explique le répartiteur à l'accusé. Hier, un enquêteur a expliqué au jury que les crimes majeurs de la police de Montréal avaient dû traiter plusieurs dossiers ce soir-là.

L'ambulancier Alexandre Boeykens est le premier répondant à discuter en personne avec Jonathan Mahautière. Le jeune homme se trouvait alors dans la cabine téléphonique devant un dépanneur Couche-Tard. « Il semblait perturbé, stressé, anxieux, dépassé par les évènements, il regardait par terre, il nous disait d'appeler la police », se rappelle l'ambulancier, troisième témoin de la poursuite.

À force de le questionner, Jonathan Mahautière s'ouvre finalement sur l'état de santé de sa petite amie. « Il nous a dit qu'il croyait que sa blonde était étranglée », témoigne Alexandre Boeykens. Le jeune homme lui remet alors la clé de sa chambre du motel situé en face de la cabine, de l'autre côté de la rue. L'ambulancier ne pénètre toutefois pas immédiatement dans la chambre et attend l'arrivée des policiers, à la demande de son superviseur.

Dans la chambre du motel, Gabrielle Dufresne-Élie est étendue au sol, inerte, la tête en partie sous la table de chevet, près du lit. « La policière enlève un oreiller sur la fille », détaille l'ambulancier. L'adolescente n'a aucun pouls et porte des marques bleutées au cou, constate l'ambulancier. Les secouristes tentent des manoeuvres de réanimation en vain.

Le Montréalais de 22 ans admet avoir causé la mort de Gabrielle Dufresne-Élie. L'enjeu du procès consiste donc à déterminer son intention au moment d'enlever la vie de sa petite amie. « Le sujet de vos délibérations, ce sera l'intention », a résumé au jury la juge Sophie Bourque de la Cour supérieure lundi au début du procès.

Selon la théorie de la poursuite, l'adolescente de 17 ans avait mis fin à sa relation amoureuse avec l'accusé pendant une séance de thérapie de couple ce jour-là. Elle l'avait néanmoins accompagné dans la chambre du motel. L'accusé l'aurait alors étranglé au moment où elle devait retourner chez elle pour respecter son couvre-feu vers 22h30.