Même si Cheryl Bau-Tremblay était enceinte de plus de quatre mois lorsque son conjoint Alexandre Gendron l'a tuée en l'étranglant, ce crime reste « au bas de l'échelle de gravité » des meurtres, conclut le juge Daniel Royer. Le meurtrier de 38 ans a été condamné jeudi matin à la prison à vie sans possibilité de libération conditionnelle avant 12 ans.

Cheryl Bau-Tremblay avait lancé un ultimatum à son conjoint alcoolique afin qu'il cesse sa consommation en juillet 2015. Mais, Alexandre Gendron a rechuté « une fois de trop », une rechute qui a été fatale pour Cheryl Bau-Tremblay, étranglée le 1er août 2015 par son conjoint. Elle venait alors de retourner à leur maison de Beloeil après s'être réfugiée une semaine chez sa soeur à la suite d'une intervention des policiers.

« Les conjoints ont droit de mettre fin à une relation sans craindre pour leur sécurité et leur paix d'esprit. Ils devraient craindre encore moins pour leur vie et celle de leur bébé à naître. La grossesse de Mme Bau-Tremblay aurait dû freiner M. Gendron dans ses intentions. Il s'agit là également d'un important facteur aggravant », soutient le juge dans sa décision.

Néanmoins, le juge a entériné ce matin une suggestion commune des parties, laquelle se situe dans la brochette de 12 à 13 ans de période d'inadmissibilité à la libération conditionnelle généralement imposée pour les meurtres non prémédités commis dans un contexte conjugal.

Ainsi, même si Alexandre Gendron a caché le corps de la jeune femme enceinte pendant des jours sous le lit, puis a menti aux policiers qui recherchaient la femme disparue, la peine suggérée par la Couronne et la défense n'est pas déraisonnable, selon le juge.

Les regrets en demi-teinte de l'accusé envers la famille de Cheryl Bau-Tremblay ont été relevés par le juge dans sa décision. « M. Gendron continue cependant de s'apitoyer sur son sort et de repousser la faute en partie sur le comportement de Cheryl Bau-Tremblay », fait valoir le juge.

Selon le tribunal, le pronostic de réinsertion sociale d'Alexandre Gendron « semble bon ». Ainsi, il n'est pas nécessaire de l'isoler de la société pour une « très longue période ». Notons que l'homme de 38 ans a des antécédents judiciaires de voies de fait, de conduite en état d'ébriété, de vol de voiture, de méfaits, de menaces, de vols et de bris de conditions. Il s'était toutefois repris en main pendant quelques années jusqu'à sa rechute en juillet 2015. À l'époque, il pouvait boire jusqu'à deux caisses de 24 bières par jour.